Le président américain a jugé ce mercredi 25 juin que le sommet de l'Otan à la Haye est un "succès monumental" pour les États-Unis. Mais l'est-il pour l'Europe et pour l’Organisation du traité de l’Atlantique nord que ce même Trump a coutume de qualifier d'"obsolète" ?
Donald Trump en conférence de presse après la session plénière du sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) à La Haye, le 25 juin 2025. (John Thys/ AFP).
Je suis Thierry Arnaud, éditorialiste à BFMTV, ex-correspondant à Washington et Londres, ancien chef du service politique de BFMTV et directeur de la rédaction de BFM Business. Crises géopolitiques, tensions économiques, recompositions du pouvoir… Chaque semaine, je vous propose de décrypter l’actualité internationale.
«Félicitations et merci pour votre action décisive en Iran. C'était vraiment extraordinaire et quelque chose que personne d'autre n'avait osé faire»
Mark Rutte, chef de l’Otan, à Donald Trump avant le sommet de l'Alliance à La Haye.
Un sommet “fantastique”, “un grand succès”. C’est peu dire que Donald Trump est reparti satisfait après 24 heures passées à La Haye au chevet de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord. Ce sommet, ce fût le sien. Raccourci dans sa durée à une seule séance de travail, pour lui. Achevé par un bref communiqué de cinq paragraphes, comme il l’avait exigé. Omettant de condamner explicitement l’agression russe en Ukraine, ce dont il ne voulait pas. Et surtout lui offrant ce qu’il était avant tout venu chercher : l’engagement de 30 des 32 pays membres (l’Espagne et… les États-Unis feront exception) de consacrer d’ici 2035 5% de leur PIB à leur effort de défense - 3,5% au titre des strictes dépenses militaires, 1,5% au titre de dépenses connexes, infrastructures, cybersécurité, etc. Une clause de réexamen est prévue pour 2029. Rappelons qu’en 2014, les membres de l’OTAN s’étaient engagés à porter leurs budgets de la défense à 2% du PIB en 2024, un objectif atteint par 23 d’entre-eux. La suite s’annonce donc beaucoup plus ambitieuse.
Il reste que cette évolution débouche sur un étonnant paradoxe. Les Européens entament un mouvement massif de hausse de leur dépenses militaires pour renforcer leur sécurité face à la menace russe mais aussi à la perspective d’un retrait américain. Mais, ce faisant, ils accèdent à la demande de Donald Trump et, en lui donnant satisfaction, et peuvent espérer que ce dernier restera attaché au rôle prépondérant des États-Unis au sein de l’OTAN, et donc à une présence américaine substantielle en Europe.
Parier sur cet engagement américain dans la durée n’en demeure pas moins risqué pour plusieurs raisons. D’abord, le président américain semble un fervent adepte de la formule autrefois prêtée à Jacques Chirac selon laquelle, en politique, «les promesses n’engagent que ceux qui les croient». Dès 2016, le candidat Trump qualifiait l’OTAN d’ «obsolète». Depuis, la menace d’un retrait a été régulièrement brandie. Le plan serait même déjà prêt : il prévoirait le départ de 20.000 soldats américains actuellement stationnés en Europe, soit 20% du total. Matthew Whitaker, le nouvel ambassadeur a toutefois promis que ces départs se feraient «de manière ordonnée et sans créer de faille de sécurité».
Ensuite, combien de membres de l’OTAN se donneront réellement les moyens d’atteindre ces seuils de 3,5 et 5% ? Le grand écart est déjà visible entre l’Allemagne, engagée à atteindre les 3,5% du PIB d’ici 2029 en portant son budget de la défense à 162 milliards d’euros, sous l’impulsion de son nouveau Chancelier Friedrich Merz, et l’Espagne de Pedro Sanchez, bien décidée à rester en deçà de cet objectif, et qui a obtenu une dérogation en ce sens. Et que dire des membres de l’OTAN déjà soumis à une contrainte budgétaire qui semble difficilement surmontable (France en tête, mais aussi Italie, Royaume Uni…) ? À La Haye, on a aussi pu constater que plus un pays était proche de la Russie, plus cette marche vers les 5% était accueillie avec enthousiasme.
En retour, le président américain respecte sa partie du deal. Le communiqué final du sommet réitère dès son premier paragraphe l’adhésion totale au principe de solidarité de l’article 5, sur lequel Donald Trump s’était publiquement interrogé : «Une attaque contre l’un est une attaque contre tous.» Autrement dit, Oncle Sam est toujours prêt à défendre ses alliés. Pour l’instant.
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Thierry Arnaud