Taïwan au cœur des tensions internationales

À l’heure où Donald Trump rêve d’annexer le Groenland, les opérations d’intimidation de Pékin s’intensifient pour faire main basse sur l’État insulaire. Découvrez aussi qui achète encore le pétrole et le gaz russes et notre conseil de lecture pour savoir qui est vraiment JD Vance qui aime à se décrire comme le « nouveau shérif de Washington ».

L'envers du globe
3 min ⋅ 28/05/2025

Je suis Thierry Arnaud, éditorialiste à BFMTV, ex-correspondant à Washington et Londres, ancien chef du service politique de BFMTV et directeur de la rédaction de BFM Business. Crises géopolitiques, tensions économiques, recompositions du pouvoir… Chaque semaine, je vous propose de décrypter l’actualité internationale.

La Chine multiplie les démonstrations de force face aux velléité indépendantistes de Taïwan. (Photo AFP)La Chine multiplie les démonstrations de force face aux velléité indépendantistes de Taïwan. (Photo AFP)

La Chine tient plus que jamais Taïwan en ligne de mire

«Les Chinois des deux côtés du détroit de Taiwan sont une seule famille»
Xi Jinping

La Chine semble avoir accompli un nouveau pas, peut-être décisif, vers la conquête militaire et l’annexion de Taïwan. Sa force de frappe aérienne et ses puissantes unités de missiles ont désormais atteint un tel niveau et un tel volume qu’elles sont désormais en situation de « passer à tout moment d’un temps de paix à des opérations de guerre », vient de confier, sous couvert d’anonymat, un haut gradé de l’armée taïwanaise au Financial Times.

La nouvelle génération d’avions de combat (J-10 à J-20) peut atteindre les rives de Taïwan sans ravitaillement terrestre. Déployés en masse sur la côte chinoise, les lanceurs à roquettes multiples peuvent toucher n’importe quelle partie de son territoire. Pléthorique, la marine chinoise, dotée d’hélicoptères et de véhicules amphibies, peut désormais patrouiller en permanence. La hantise de Taïpei ? Qu’un prochain exercice chinois à grande échelle ne soit en réalité que la première phase d’une attaque massive.

La Chine s’en défend – ou plus exactement affirme deux choses simultanément, à l’image de son président Xi Jinping. « Taïwan, c’est la Chine. Nous continuerons à œuvrer pour une réunification pacifique avec la plus grande sincérité et le plus grand effort, mais nous ne laisserons jamais le moindre espace pour l’indépendance de Taïwan, quelle qu’en soit la forme », affirmait-il début avril. Cette position n’est pas neuve : elle est, officiellement et fermement, celle de Pékin depuis le retrait des troupes chinoises de l’archipel en 1949.

La communauté internationale ne l’a jamais défiée ouvertement. Seuls douze pays reconnaissent Taïwan en tant nation indépendante, du Paraguay à Haïti en passant par le Saint-Siège ou encore Belize… Les autres, Union Européenne, Royaume-Uni, Japon, etc, se contentent d’un soutien de fait. Mais il est clair et explicite de la part des États-Unis, et cela a toujours suffi jusqu’ici à dissuader la Chine de reprendre Taïwan par la force.

À Washington, on semble toutefois de plus en plus convaincu que cela pourrait ne pas durer. Dans une note confidentielle rédigée par le secrétaire à la Défense Pete Hegseth, dévoilée fin mars par le Washington Post, ce dernier écrit que « la Chine est (pour le Pentagone) la seule menace en progression, et dénier à la Chine le fait accompli de l’annexion de Taïwan tout en défendant le territoire américain est le seul scénario en progression de ce ministère ». Il faut, ajoute Pete Hegseth, « assumer le risque sur les autres théâtres » devenus moins prioritaires et dont les moyens pourraient être par conséquent réduits. Depuis plusieurs mois, la date de 2027 est dans tous les esprits : ce sera le centenaire de l’armée populaire de libération, le XXIe congrès du parti communiste chinois, et on ne sera qu’à quelques mois de nouvelles élections à Taïwan. D’ici là, l’Amérique espère avoir suffisamment montré ses muscles pour dissuader toute intention belliqueuse.

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Le chiffre

200 milliards de dollars

Le montant total des exportations de gaz et de pétrole attendu par la Russie en 2025, soit une chute d'environ 15% par rapport à l'an dernier. Une baisse qui s’explique en priorité par le ralentissement économique mondial. Après le choc de 2023 (moins de 100 milliards d'exportations sur l'année), la stratégie de contournement des sanctions internationales avec ses navires fantômes a porté ses fruits. En attendant celles « massives" promises par les alliés européens de l'Ukraine ?

Lecture de la semaine

« The talented M. Vance » (The Atlantic)

Avant : un modéré de centre-droit, l'une des voix les plus fortes sur le malaise de l'Amérique déclassée, et l'un des plus sévères critiques de Donald Trump.

Après : le fer de lance du populisme radical, disciple zélé de la révolution trumpiste et désormais vice-président des États-Unis. Comment expliquer une telle métamorphose ? Pourquoi ? En passant par Dickens et Balzac, un décryptage passionnant du parcours de JD Vance, qui fait déjà la course en tête pour la présidentielle de 2028 dans le camp républicain.

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Thierry Arnaud

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Par Thierry Arnaud

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