En accueillant 26 chefs d'État et de gouvernement pour un impressionnant défilé militaire le 3 septembre, le président chinois ne s'est pas contenté d'être l'hôte du "Sud global". Il s'est aussi et surtout affirmé comme son leader.
Je suis Thierry Arnaud, éditorialiste à BFMTV, ex-correspondant à New York et Londres, ancien chef du service politique de BFMTV et directeur de la rédaction de BFM Business. Crises géopolitiques, tensions économiques, recompositions du pouvoir… Chaque semaine, je vous propose de décrypter l’actualité internationale.
Sur cette photo de groupe distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine marche avec le président chinois Xi Jinping et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un avant un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025. (Photo de Sergey Bobylev /Pool AFP)
“La renaissance de la nation chinoise est inarrêtable”, Xi Jinping président de la République Populaire de Chine, 3 septembre 2025
Quelque 10.000 soldats aux pas millimétrés, des drones sous-marins, des missiles hypersoniques, des chasseurs furtifs, à leur bord des pilotes saluant leur président sur des images retransmises en direct depuis leurs cockpits, des chars, des véhicules militaires de dernière génération soigneusement alignés... On attendait beaucoup du défilé militaire chinois du 3 septembre, célébrant le 80e anniversaire de la victoire de la Seconde Guerre Mondiale, et l’on n’a pas été déçu. Aucun autre pays au monde ne serait capable de produire une démonstration d’une telle ampleur de sa puissance militaire et de l’exécuter aussi parfaitement.
Le premier message du président chinois était ainsi limpide: la Chine est prête. Prête à affronter le moment où “l’humanité fait de nouveau face à un choix entre la paix ou la guerre, le dialogue ou la confrontation”, a-t-il souligné lors de son discours. La Chine affirme ne s’en tenir qu’à la seule défense son intégrité territoriale et de ses intérêts régionaux, ce qui dans son acception intègre naturellement Taïwan, la mer de Chine, notamment sa partie méridionale, ou encore la région de l’Himalaya…
En pratique, toutefois, la mise en oeuvre de ce principe prend une tournure de plus en plus agressive: la pression militaire souvent spectaculaire et quasi quotidienne sur Taïwan, le harcèlement des flottes et des patrouilles américaines, japonaises, australiennes, la multiplication des îles artificielles qui sont autant de nouvelles bases militaires, le développement de son arsenal nucléaire, la construction à un rythme effrené de bâtiments pour sa marine ou d’une nouvelle génération de drones, les investissements massifs dans les moyens de guerre électronique, les exercices à grande échelle avec la Russie. À la lumière de cette liste non exhaustive, on comprend combien la Chine ne se contente pas de défilés : elle s’applique de manière de plus en plus décomplexée à affirmer concrètement et clairement sa puissance militaire.
Tout aussi évidente, la deuxième démonstration de force est géopolitique. Vladimir Poutine et Kim Jong-Un aux côtés du président chinois, une image qui fait instantanément le tour du monde. Plus d’une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement rassemblés à Pékin. Trois jours plus tôt, une première étape diplomatique tout aussi remarquable: la venue au sommet de Tianjin de Narendra Modi. La page des tensions entre l’Inde et la Chine est en train de se tourner. Xi Jinping félicite le Premier ministre indien pour avoir fait “le bon choix” pour les deux pays les plus peuplés au monde. Les échanges entre Narendra Modi et Vladimir Poutine seront tout aussi chaleureux. Au moment où les trois grandes puissances du “Sud global” affichent ainsi leur unité, chacun comprend qu’un primus inter pares est en train de s’affirmer. À Tianjin comme à Pékin, Xi Jinping n’est pas seulement l’hôte. Il est le leader de la résistance à l’Occident.
À Washington, une partie du monde diplomatique ne cache pas sa consternation. La menace des droits de douane n’a fait que renforcer l’hostilité de la Chine sans la faire reculer d’un pas. L’Inde, cajolée depuis des années, a été brutalement poussée dans les bras de Pékin. “Donald Trump a réduit en miettes des décennies d’efforts avec une politique de droits de douane désastreuse”, résume son ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton, dont le domicile et le bureau ont récemment été perquisitionnés par le FBI après de multiples critiques à l’encontre du président. Manifestement vexé par le rassemblement de Pékin, Donald Trump a répliqué sur son réseau Truth Social pour y dénoncer ceux qui “conspirent contre les États-Unis”. Et l’Europe dans tout cela ? Impuissante, une fois de plus.
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C’est le nombre de soldats nord-coréens déployés en Ukraine pour combattre aux côtés de la Russie. Le bilan serait très lourd: au moins 600 morts et environ 4000 blessés, selon des estimations indépendantes. De quoi justifier la reconnaissance de Vladimir Poutine. “J’aimerais vous remercier de la part du peuple russe pour notre participation commune à la lutte contre le néonazisme contemporain”, a déclaré le président russe à son homologue nord-coréen Kim Jong Un à l’occasion de leur rencontre à Pékin.
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Thierry Arnaud