Benyamin Netanyahu ou l'art de la survie politique

Pour le premier ministre israélien, en proie à des ennuis judiciaires, des divisions intérieures sans précédent et un isolement sur la scène internationale, l'assault lancé sur l'Iran lui permet de jouer son va-tout pour se maintenir, une fois encore, au pouvoir.

L'envers du globe
4 min ⋅ 19/06/2025

Devant le ministère de la Défense à Tel Aviv, le 7 juin 2025, un manifestant passe devant un portrait du Premier ministre israélien lors d'une manifestation anti-gouvernementale appelant à des actions pour sécuriser la libération des otages israéliens détenus depuis les attaques du 7 octobre 2023 par des militants palestiniens. (AFP).

Je suis Thierry Arnaud, éditorialiste à BFMTV, ex-correspondant à Washington et Londres, ancien chef du service politique de BFMTV et directeur de la rédaction de BFM Business. Crises géopolitiques, tensions économiques, recompositions du pouvoir… Chaque semaine, je vous propose de décrypter l’actualité internationale.

Bibi l’insubmersible

Netanyahu aime se penser en termes churchilliens. Il aimerait qu’on se souvienne de lui comme le leader qui a terrassé la menace iranienne, le sauveur d’Israël face à l’immense adversité rencontrée par le peuple juif

La politique, en Israël, est à l’image de l’histoire du pays. C’est un sport de combat, violent, sans merci. On lutte pour sa survie, parfois littéralement. Et ce sport, personne ne le pratique avec une maîtrise, un culot, un cynisme diraient ses adversaires, qui approchent ceux de Benyamin Netanyahu – « Bibi » pour ses amis comme pour ses (nombreux) ennemis -, dont le New York Times sondait la psychologie en septembre 2023 (citation ci-dessus).

S’il existait un équivalent politique de l’épreuve de “Koh Lanta”, il y serait probablement imbattable. À bientôt 76 ans, il est, de loin, celui qui a servi le plus longtemps au poste de Premier ministre d’Israël : plus de 17 ans au total, de 1996 à 1999, puis de 2009 à 2021 et à nouveau depuis le 29 décembre 2022. Mille fois annoncées, sa chute et la fin de son parcours politiques ne se sont jamais produites. Ni le combat politique, ni les défaites électorales, ni un retentissant procès en corruption, toujours en cours, ne sont venus à bout de cette capacité hors norme à s’accrocher au pouvoir. Ni même la tragédie du 7 octobre 2023 dont il est, en tant que chef du gouvernement, forcément comptable.

Un fragile édifice

Visage blême, ton martial, il annonce ce matin-là qu’Israël est désormais en guerre. Il promet l’éradication du Hamas, la fin de la menace terroriste et le retour de tous les otages. Il faudra attendre près d’un an pour qu’au détour d’une interview à un magazine, il présente enfin ses excuses au peuple israélien. La contrition, ce n’est pas sa tasse de thé. Après plus 620 jours de guerre, plus de 55.000 morts selon le ministère de la Santé de Gaza, 424 soldats israéliens tués et plus de 2700 blessés, 53 otages sont toujours détenus dans l’enclave palestinienne, dont une trentaine sont présumés morts. « Bibi » a encaissé sans sourciller les manifestations de leurs familles, les condamnations presque unanimes par la communauté internationale de la violence meurtrière et du blocus humanitaire à Gaza, sans compter un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Allié et dépendant de l’extrême droite, il a placé ces derniers mois les contre-pouvoirs dans sa ligne de mire. La Cour Suprême d’abord, donc. Il souhaitait pouvoir annuler les décisions jugées « déraisonnables », provoquant de spectaculaires manifestations jusqu’au 7 octobre. Shin Bet plus récemment, le puissant service de renseignement intérieur, traditionnellement indépendant, dont il a remercié le patron Ronen Bar, une décision illégale a tranché la justice. L’édifice reste fragile. Jeudi 12 juin, Benyamin Netanyahu n’a échappé qu’à une voix près à une motion de défiance à la Knesset portant sur l’exemption de tout service militaire accordée aux orthodoxes.

Avec l’assaut lancé sur l’Iran et son programme nucléaire, Benyamin Netanyahu joue son va-tout. Selon un sondage publié par la chaîne de télévision Channel 14, 80% des Israéliens approuvent sa conduite de cette nouvelle campagne militaire.

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Le chiffre

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C'est le bilan catastrophique de Boeing au cours des premiers jours du salon de l'aéronautique du Bourget. Il s'agit pourtant d'un rendez-vous crucial pour l'avionneur américain qui avait enregistré des prises de commandes pour 1.214 appareils lors de la précédente édition en 2023, un record. Mais l'édition 2025 intervient dans un contexte tendu pour Boeing, seulement quelques jours après le crash d'un Boeing 787 d'Air India qui a fait au moins 279 morts. Un accident qui a poussé le patron de l’avionneur à annuler sa venue au Bourget tandis que l'entreprise à affirmer dès la journée d'ouverture ne pas "se concentrer sur les annonces de commandes lors de ce salon".

Dans le même temps, son grand concurrent Airbus et ses clients avaient déjà dévoilé plus de 240 commandes fermes mercredi à la mi-journée. Un écart qui s'inscrit dans la continuité des résultats des deux géants des airs au cours des derniers mois. Le champion européen a largement profité du déficit d'image de Boeing lié aux multiples incidents de ses appareils pour le distancer, notamment sur le terrain des livraisons d'avions. Il y a tout juste un an, Airbus livrait ainsi deux fois plus d'avions commerciaux que Boeing au second trimestre 2024.

Dans les livraison trimestrielles d’avions commerciaux, Airbus dépasse Boeing en 2024.

La recommandation de la semaine

“Une traque américaine : Oussama Ben Laden”

Le mois dernier, la plateforme Netflix a mis en ligne une série intitulée "Une traque américaine : Oussama Ben Laden". En trois épisodes, le documentaire revient sur la bascule géopolitique après les attentats du World Trade Center et la recherche active du leader d'Al-Qaïda qui n'a abouti que près de dix ans plus tard. Le tout à travers les témoignages d'acteurs de premier plan de cette traque, d'anciens membres de la CIA à un militaire de l'opération "Géronimo" en passant par l'un des plus proches conseillers de George W Bush.

Une très efficace plongée avec les agents de l’ombre dans cette chasse à l’ennemi public numéro 1 de l’Amérique.

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Thierry Arnaud

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Par Thierry Arnaud

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