Démographie mondiale : vers un dangereux déséquilibre

Si la population mondiale devrait dépasser les dix millards en 2084, elle est promise à un déclin historiquement significatif. Dans un récent rapport, McKinsey Global Institute alerte sur les conséquences de cette nouvelle réalité.

L'envers du globe
4 min ⋅ 05/06/2025

Je suis Thierry Arnaud, éditorialiste à BFMTV, ex-correspondant à Washington et Londres, ancien chef du service politique de BFMTV et directeur de la rédaction de BFM Business. Crises géopolitiques, tensions économiques, recompositions du pouvoir… Chaque semaine, je vous propose de décrypter l’actualité internationale.

Les deux défis à venir de la démographie mondiale

 Si fondamentaux sont les problèmes de population qu’ils prennent de terribles revanches sur ceux qui les ignorent.

Cette formule choc est signée de l’illustre démographe Alfred Sauvy. Or, à l’entame de ce deuxième quart du XXIe siècle, deux tendances profondes sont désormais aussi apparentes que préoccupantes. D’abord, les taux de fécondité, soit le le nombre de naissances sur une période donnée rapporté aux nombres de femmes en âge de procréer, dégringolent dans l’ensemble de la planète, ce qui constitue d’ores et déjà – et de loin – le principal facteur explicatif du vieillissement des populations dans le monde développé et en Chine. Ensuite, pour cette raison, la population mondiale est promise à un lent déclin, mais pas avant plusieurs décennies, et pas avant que ne s’achève une véritable explosion de la démographie africaine. C’est ce que confirme un rapport édifiant et documenté que vient de publier le McKinsey Global Institute, intitulé « Dépendance et dépopulation ? Faire face aux conséquences d’une nouvelle réalité démographique ».

Peste noire

À elle seule, la baisse des taux de fécondité explique à 80% le vieillissement des populations, estiment les auteurs, seuls 20% reposant sur la prolongation de l’espérance de vie. D’où le déclin « historiquement significatif » constaté dans le monde développé en Europe, sur le continent américain ou dans certains pays d’Asie, mais également en Chine où les populations ont globalement commencé à décliner à partir de 2010, et sont désormais confrontées à un impact « comparable à celui de la Peste Noire ». La Corée du Sud en offre l’une des illustrations les plus spectaculaires. Si ce pays échoue à faire redécoller son taux de fécondité, actuellement de 0,72, il essuiera « une baisse de 87% de la population en l’espace de deux générations ».

À un spectaculaire déclin démographique de cette partie du monde s’ajoute deux autres mouvements. Dans les économies émergentes d’Asie (Inde comprise), du Moyen-Orient et d’Amérique latine, la population est à son sommet ou elle en est proche. En Afrique, et singulièrement dans l’Afrique subsaharienne, la croissance démographique est exponentielle : cette année, le nombre des naissances au Nigeria dépassera celui de toute l’Europe.

Le fardeau des retraités

Selon les auteurs, la population mondiale atteindra un pic de 10.3 milliards d’habitants en 2084, avant d’entamer un léger déclin. Il faudra d’ici là relever deux défis majeurs. D’une part, « sans action décisive, les jeunes générations feront face à une croissance économique plus faible et au fardeau de soutenir une population de retraités plus importante, ce qui entraînera l'érosion du transfert intergénérationnel traditionnel de richesse ». En France comme ailleurs, on n’a donc pas fini de débattre du financement et de l’âge de la retraite. Dans les cas les plus extrêmes, relève le rapport, à paramètres inchangés, la moitié des revenus du travail serait absorbé par le financement des retraites. D’autre part, il faudra se donner les moyens d’absorber l’explosion démographique africaine, qui est partie pour durer. En 2100, l’Afrique subsaharienne aura doublé sa part de la population mondiale, sa part passant alors à 34%.

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Le chiffre

1000 milliards de dollars

Le montant annuel des intérêts de la dette américaine dépasse désormais ce chiffre à douze zéros. Plus qu’un symbole : de quoi rendre nerveux de grands investisseurs et des oracles respectés des marchés financiers américains. D’autant que la loi budgétaire présentée au Congrès par Donald Trump, la fameuse « One Big Beautiful Bill » - c’est désormais son intitulé officiel -, est partie pour ajouter 3000 milliards de dette supplémentaire au cours de la décennie à venir. Conclusion : l’Amérique n’aurait plus que trois à cinq ans pour reprendre ses finances publiques en main et éviter « la crise cardiaque, » selon la formule du gestionnaire de Hedge Fund renommé, Ray Dalio.

En février 2025, la fondation Peter G.Peterson chiffrait les intérêts de la dette américaine à 952 milliards, ajoutant que ceux-ci devraient augmenter rapidement au cours de la prochaine décennie passant de mille milliards de dollars en 2026 (chiffre déjà atteint en ce mois de mai) à 1800 milliards en 2035.

Lecture de la semaine

« Le cœur de Kiev » par Andraï Kourkov, éd. Liana Levi

Se plonger dans les rues de Kiev en 1919 pour mieux comprendre l’Ukraine de 2025. Andreï Kourkov livre le deuxième volume de la saga entamée en 2022 avec L’Oreille de Kiev, un thriller aux multiples registres qui nous entraînait dans la guerre civile qui a suivi la prise de pouvoir des bolchéviques bien au-delà de Moscou, et illustrait combien la rivalité entre Russes et Urkainiens est ancienne et profonde. Dans Le Cœur de Kiev, le héros Samson fait son retour. Devenu membre de la milice, il doit faire respecter les règles draconiennes imposées par le nouveau pouvoir. Mais il a de la ressource, une ouïe exceptionnelle, et une nouvelle enquête l’attend…

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Thierry Arnaud

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