Donald Trump s'attaque à "l'ennemi de l'intérieur"

De Washington à Los Angeles en passant par Portland ou Chicago, le président américain déploie les troupes pour faire appliquer manu militari sa politique anti-immigration et réprimer les manifestations. Mais les autorités locales se rebiffent, et la justice met le hola.

L'envers du globe
4 min ⋅ 16/10/2025

Je suis Thierry Arnaud, éditorialiste à BFMTV, ex-correspondant à New York et Londres, ancien chef du service politique de BFMTV et directeur de la rédaction de BFM Business. Crises géopolitiques, tensions économiques, recompositions du pouvoir… Chaque semaine, je vous propose de décrypter l’actualité internationale.

Le Comté de Los Angeles n’entend pas laisser “ICE”, la police de l’immigration, poursuivre les arrestations, les détentions et les expulsions exigées par Donald Trump. (AFP)

Maintien de l’ordre ou réglement de compte politique ? Trump précipite ses soldats dans la polémique

Nous sommes face à une invasion de l’intérieur. Ce n’est pas différent d’un ennemi de l’extérieur mais plus difficile de bien des façons, car ils ne portent pas d’uniformes. C’est une guerre de l’intérieur”, Donald Trump, devant les responsables militaires réunis à Quantico, Virginie, 30 septembre 2025.

Par quatre voix contre une, les élus du Conseil du Comté de Los Angeles ont déclaré l’état d’urgence ce mardi 15 octobre. Cette décision, classique en réaction à une catastrophe naturelle, l’est beaucoup moins pour s’opposer frontalement à des mesures prises par le président des États-Unis. Cette fois, c’est le caspourtant. Le Comté de Los Angeles, sorte de communauté de communes de la mégalopole californienne qui rassemble près de dix millions d'habitants et le plus grand nombre d’immigrés sans papiers aux États-Unis, n’entend pas laisser “ICE”, la police de l’immigration, poursuivre manu militari les arrestations, les détentions et les expulsions, pas plus qu’il n’est prêt à tolérer les interventions musclées de la garde nationale, déployée à la demande de la Maison Blanche, pour maintenir l’ordre et contenir les manifestations.

“Nous avons des gens qui ont peur de sortir de chez eux, s’est indignée Janice Hahn, l’une des élues du Conseil. Nous avons des familles qui n’ont plus rien parce que le père ou la mère ont été arrêtés sur leur lieu de travail, et ne peuvent plus payer leur loyer ou acheter de quoi se nourrir”. Parmi les mesure décrétées dans le cadre de cet état d’urgence, un soutien financier aux familles menacées et un moratoire interdisant leur expulsion pour cause de loyer impayé.

À la guerre comme à la guerre. Car c’est bien cela dont il s’agit pour Donald Trump. Il lui faut vaincre ce qu’il désigne comme “l’ennemi de l’intérieur”. Selon lui, il menace le bien-être et la sécurité des Américains. Il est celui par qui le désordre, le chaos et le crime arrivent. Nous sommes face à une invasion de l’intérieur”, a martelé le président américain le 30 septembre dernier devant tout le gratin des forces armées américaines. “Ce n’est pas différent d’un ennemi de l’extérieur mais plus difficile de bien des façons, car ils ne portent pas d’uniformes. C’est une guerre de l’intérieur”, a-t-il poursuivi. Et à menace exceptionnelle, réponse exceptionnelle, à l’image des moyens déployés à Los Angeles. Fin août, selon les derniers chiffres disponibles, on dénombrait déjà plus de 5000 arrestations. Et ce sont près de 5000 soldats de la garde nationale et des Marines qui ont été déployés au début de l’été - ils sont environ 300 à être toujours sur place.

Les démocrates en ligne de mire

Evidemment, la bataille est éminemment politique. Los Angeles, Chicago, Portland dans l’Oregon ou la capitale fédérale de Washington, les principales villes visées par les “raids” de la police de l’immigration et le déploiement des gardes nationaux ont en commun d’être des bastions démocrates (Donald Trump y a recueilli entre 6 et 30% des voix à la dernière élection présidentielle…). Gavin Newsom, le gouverneur de Californie fait figure de favori pour l’investiture démocrate en 2028 et parodie avec délectation la communication de Donald Trump sur les réseaux sociaux. On prête aussi à JB Pritzker, le gouverneur de l’Illinois, des aspirations présidentielles. De fait, la définition par Donald Trump de l’ “ennemi de l’intérieur” va bien au-delà de l’immigré en situation illégale. Il y inclut tout ce qui entre dans sa définition de '“gauche radicale” et a explicitement appliqué ce label à des opposants tels que Nancy Pelosi, ex-présidente de la Chambre des Représentants et figure emblématique du parti démocrate ou Adam Schiff, sénateur du même État honni de Californie.

La justice en embuscade

Les élus démocrates ne sont pas les seuls à considérer que le président américain va trop loin. Une juge fédérale de l’Oregon, nommée par Donald Trump, a ainsi opposé une fin de non recevoir à l’expédition de la garde nationale dans les rues de Portland. Elle relève dans sa décision que les circonstances dans lesquelles un président peut placer sous son autorité une garde nationale, dépendante du gouverneur de l’État, sont très limitées: une invasion, une rebellion ou une situation que les forces de l’ordre locales ne peuvent plus contrôler. Or, poursuit-elle, il est prouvé que dans les jours et les semaines précédant la décision de mobiliser les militaires, “les manifestations devant les locaux de la police de l’immigration n’étaient ni très violentes ni de nature à provoquer un trouble à l’ordre public”. Avant de conclure: “La décision du président n’était tout simplement pas fondée sur les faits.” Des décisions similaires ont été rendues en Californie et dans l’Illinois.

Donald Trump n’est évidemment pas près de jeter l’éponge. La juge Immergut de l’Oregon s’est ainsi vue accusée d’‘‘insurrection juridique” par la Maison Blanche qui, après avoir tenté de passer outre sa décision, fait appel, comme partout où la mobilisation des militaires a été condamnée par la justice. Le président ira jusqu’à la Cour Suprême si nécessaire. Il compte bien que sa majorité conservatrice soit une nouvelle fois derrière lui.

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La lecture de la semaine

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Les investisseurs du monde entier ont trop misé sur les actions américaines. Beaucoup trop. Gita Gopinath, ex-chef économiste du FMI, aujourd’hui professeur à Harvard, prévient dans cette tribune publiée par l’hebdomadaire britannique que cet excès d’enthousiasme, associé à une confiance déclinante dans le dollar, pourrait finir par provoquer une crise d’une ampleur sans précédent, dont les répercussions se feraient sentir bien au-delà de Wall Street.

L’opinion des Américains à l’égard de la politique de l’État israélien de Benjamin Netanyahu n’a de cesse de se dégrader.
Capture d'écran – Gallup

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Thierry Arnaud

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Par Thierry Arnaud

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