Malus sur la fabrication suisse : contrecoups du particularisme helvétique - Terres rares du Kazakhstan : alternative potentielle à la ressource chinoise - Sensationnalisme scientifique à Hong Kong : objection méthodique à Pékin (Et un au revoir…)
Je suis Benaouda Abdeddaïm, éditorialiste international à BFM Business. Dans L’envers du globe, je vous propose (une dernière fois ici) un regard décentré sur l’actualité mondiale : un choix d’événements négligés, où s’imbriquent économie et géopolitique dans des enjeux décisifs. Une perspective sans a priori, où l’on explore ainsi des faits qui éclairent le monde autrement.
MOUVEMENTS DE FOND
Malus sur la fabrication suisse : contrecoups du particularisme helvétique
REPÈRES STRATÉGIQUES
- Terres rares du Kazakhstan : alternative potentielle à la ressource chinoise
- Leçon politique de la Banque centrale de Libye : dévaluation contrainte
- Ferme solaire en zone tampon à Chypre : impasse territoriale
LECTURES PARTICULIÈRES
- Sensationnalisme scientifique à Hong Kong : objection méthodique à Pékin
- Avions de combat suédois pour la Colombie : parallèle avec le Brésil
- Filière automobile slovaque mise à mal : nulle dérogation amicale de Washington
Une nouvelle personnelle : je quitte BFM Business. Je ne rédigerai plus L’envers du globe, que j’ai eu plaisir à vous proposer chaque jeudi. Mais je poursuivrai, avec enthousiasme, mon travail d’exploration de “faits qui éclairent le monde autrement”.
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Malus sur la fabrication suisse : contrecoups du particularisme helvétique
“C’est complexe, car nous cherchons un chemin entre les exigences de la neutralité, notre tradition humanitaire et le besoin de nous défendre et d’entretenir une industrie d’armement digne de ce nom.”
Jacqueline de Quattro, vice-présidente (libérale-radicale) de la Commission de la politique de sécurité du Conseil national (Suisse) - Source : L’envers du globe
À l’écart : En dehors de ses frontières, tout fournisseur suisse dans la défense, aussi performant et sophistiqué soit-il, tend à être mis à l’écart. Et la casse n’est pas que d’ordre stratégique et économique, elle devient sociale. Illustration implacable que rapporte une source professionnelle : la PME neuchâteloise de pointe Systems Assembling, qui confectionnait avec succès des câbles pour l’armement et l’aéronautique, se sépare de la moitié de son personnel, l’autre moitié passe au chômage partiel ou bien poursuit l’activité dans le câble pour le secteur médical. Le Portugal va faire office de base de repli, avec une filiale qui verra ses effectifs multipliés par trois. Un réarmement de l’Europe isolant la Confédération helvétique, à moins qu’elle ne consente dans les plus brefs délais à modifier sa législation sur le matériel de guerre, qui en prohibe la (ré)exportation vers des pays “belligérants”.
Quadrature du cercle : À l’été 2024, une commission nationale a requis que les 25 États (essentiellement ceux de l’Alliance atlantique) mentionnés en annexe d’une ordonnance de 1998 puissent réacheminer comme ils l’entendent des équipements acquis en Suisse. Lucas Renaud, chercheur au Centre d’études de sécurité de l’École polytechnique fédérale de Zurich (CSS ETHZ), pense qu’existe à présent un "momentum” (un élan) pour cette adaptation, tout en rappelant au reste de l’Europe que les "processus politique et parlementaire sont moins rapides” dans son pays. Le 12 février dernier, le gouvernement fédéral a eu beau demandé au Parlement une “compétence dérogatoire”, afin qu’il puisse autoriser de telles ventes vers un pays en guerre lorsque les “intérêts essentiels” de la Suisse sont en jeu, cela attendra encore. Les élus interrogés par L’envers du globe ne voient aucune issue à court terme. “Nous sommes à la recherche de la quadrature du cercle”, admet Martin Candinas, membre (centriste) du Conseil national (Chambre basse) et de sa commission de la politique de sécurité (CPS), chargée des questions militaires. En ce sens, sa collègue libérale-radicale Jacqueline de Quattro invoque une situation “complexe”. “Nous cherchons un chemin entre les exigences de la neutralité, notre tradition humanitaire et le besoin de nous défendre et d’entretenir une industrie d’armement digne de ce nom”, explique la vice-présidente de la CPS.
Antimilitariste : Le sujet n’a pas été inscrit à l’ordre du jour de sa séance cette semaine, pour être renvoyé à celle du 12 et 13 mai. Avec les allers-retours entre les deux Chambres et l’exécutif, acter un texte de compromis paraît donc difficilement envisageable d’ici à la fin de la session parlementaire. Ensuite, il ne fait aucun doute que le “Groupe pour une Suisse sans armée”, une association antimilitariste, lancera une campagne pour obtenir un référendum sur une “neutralité intégrale”. Le recueil des 50 000 signatures de citoyens pourrait prendre plusieurs mois, avant de pouvoir déterminer une date de votation populaire qui, selon toute vraisemblance, ne devrait pas intervenir avant la fin 2026. En cas de vote favorable au texte, la promulgation n’aurait lieu qu’à la mi-2027. “Et ce calendrier, c’est si tout va bien !”, tempère Matthias Zoller, secrétaire général de Swiss ASD, qui fédère les industriels de l’aéronautique, de le sécurité et de la défense. Le parlementaire centriste Martin Candinas recommande surtout de se montrer “attentif” à ne pas avancer une solution qui amènerait à ce qu’une volonté de neutralité “intégrale” l’emporte au référendum.
Indigeste : Et cette hypothèse que le peuple souverain décide d’un durcissement de la neutralité helvétique ne semble pas mince. “Une part importante de la population suisse partage un scepticisme envers la remilitarisation de l’Europe”, affirme Pascal Lottaz, professeur à la Faculté de droit de Kyoto (Japon) et co-animateur d’un groupe de réflexion sur la neutralité dans les relations internationales, qui lui-même à titre personnel se déclare opposé à un assouplissement de la politique d’exportation d’armement de son pays. Alexandre Vautravers, rédacteur en chef de la Revue militaire suisse, se plaçant pour sa part dans une perspective historique, souligne qu’un tel “débat idéologique revient très régulièrement”. Ce colonel d’état-major général constate “une interprétation de plus en plus stricte” de ce concept de neutralité au sein de la classe politique, notamment dans le courant national-conservateur et celui de la gauche radicale, en fonction de justifications différentes. Mais au-delà de cette dimension, à ses yeux, le Traité de l’ONU sur le commerce des armes a introduit une “confusion générale”. Ce texte a été ratifié en 2015 par la Suisse, l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty international estimant que cet État “avait largement contribué à ce succès” aux Nations unies. Pour le colonel Vautravers, “tout le monde est sidéré par ce magma indigeste”, aboutissant à attribuer au vendeur d’équipement militaire une responsabilité de ce qu’en fera l’utilisateur final, dans une logique analogue, au fond, à celle qui voudrait qu’un barman ait à assumer la responsabilité de la mauvaise conduite ultérieure d’un client ayant consommé trop d’alcool.
Adaptation sous conditions : La vice-présidente de la CPS de la Chambre basse, Jacqueline de Quattro, s’en tient à ce qui sera discutée en séance plénière “à l’automne” : une adaptation, “de manière à ce que, pour les livraisons à des États qui sont attachés à nos valeurs et qui disposent d’un régime de contrôle des exportations comparable au nôtre, la déclaration de non-réexportation puisse être exceptionnellement limitée à cinq ans”. Une série de conditions s’appliqueraient néanmoins : pas d’atteintes aux droits de l’homme, pas de risque d’utilisation contre une population civile, pas d’implication du pays de destination dans un conflit interne ou international, sauf s’il fait usage de son droit à la légitime défense en vertu du droit international… L’élue centriste Isabelle Chappuis, membre de cette commission du Conseil national, veut y voir une “révision ciblée” de la loi, dont “l’objectif est de permettre et simplifier les exportations vers les États de droit figurant sur la liste de l’ordonnance sur le matériel de guerre, tout en laissant au Conseil fédéral [gouvernement] une marge d’appréciation lorsque des intérêts supérieurs de politique extérieure ou de sécurité sont en jeu”.
Berlin-Bruxelles : Mais qui sera encore disposé à se conformer aux exigences en provenance de la Confédération helvétique et au rythme de sa démocratie directe ? Certainement plus l’Allemagne qui, bien avant l’annonce de son extraordinaire effort de dépenses militaires, a fait connaître à l’Office fédéral suisse de l’armement (Armasuisse) sa volonté d’exclure ses fournisseurs de certaines acquisitions allemandes. En cause, le veto de Berne à la réexpédition vers l’Ukraine d’armements fabriqués en Suisse vendus aux armées allemande, danoise, espagnole et néerlandaise. Le mois dernier devant une organisation professionnelle de l'industrie suisse de défenseur, l’ambassadeur d’Allemagne, Michael Flügger, n’a pas manqué de relever que si son pays venait à être directement impliqué dans cette guerre, il ne pourrait pas obtenir de réapprovisionnements de tel ou tel équipementier suisse. Et même dans l’adaptation de la législation en débat, Berlin refuse de courir le risque de se voir refuser un feu vert de Berne en raison de sa propre évaluation d’opportunité politique. D’après le secrétaire général de Swiss ASD, le débat suisse méconnaît, par ailleurs, une évolution des trois dernières années au sein de l’Union européenne (UE), celle de “l’interchangeabilité” poussée par Bruxelles, qui vise à ce qu’au moins deux États membres investissent en commun dans un programme d’armement et que ceux-ci puissent ainsi s’échanger “librement'“ leurs matériels, comme ce sera le cas, par exemple, entre la Belgique et la France pour de prochains véhicules blindés. Aussi, selon Matthias Zoller, de ce point de vue, il y a entre l’UE et son pays '“un clash de systèmes”, qui fait que les industriels suisses paraissent mal partis pour bénéficier d’une quelconque part des 800 milliards d’euros que le bloc des 27 compte engager dans son réarmement.
Savoir-faire : Alors chacun pare au plus au pressé, comme Rheinmetall Air Defence (Zurich), le chef de file des canons anti-drones, qui fait en sorte que de plus de en plus de pièces de ses productions soient localisées en dehors de ses frontières. L'entreprise conçoit et développe chez elle, mais veille à faire fabriquer en Italie. Il y a deux ans, de la sorte, ses équipements ont pu être livrés à l’Ukraine, en contournant l’interdiction grâce à l'article 7 de l’ordonnance sur le matériel de guerre. Le Secrétariat d'État à l'Économie (Seco), l'organe chargé de contrôler les exportations d'armes, a confirmé qu’en vertu de cette disposition, le transfert de “savoir-faire” vers certaines autres destinations, dont l'Italie, était valide. Le secteur suisse, estimant subir la perception de leur pays comme “un partenaire incertain”, réclame dès lors un cadre réglementaire où les États pour lesquels aucun permis spécifique n'est nécessaire puissent s’échanger librement, entre eux, des équipements suisses à partir du premier jour de l'acquisition. Autour d’un cas d’école détaillé dimanche dernier par le journal zurichois NZZ am Sonntag, celui des drones armés, un domaine dans lequel des chercheurs suisses sont à l’origine de progrès technologiques qualifiés de “décisifs”. Le dirigeant d’un fabricant local se déclare prêt à faire armer ses appareils pour la défense nationale, tout en s’inquiétant : “Je ne veux pas que mes produits soient soudainement considérer comme du matériel de guerre. Une fois que nous aurons ce tampon, nous ne pourrons plus rien exporter”. Au point où l’existence de l’entreprise pourrait être mise en danger, puisque “vivant du marché international”.
Lobbies : Pourtant à l’examen des données du Seco, pris globalement, les carnets de commande de l’industrie suisse de défense restent plutôt bien garnis. L’an dernier, plus de 2 000 demandes d’exportation de matériel de guerre, pour une valeur totale équivalente à 2,9 milliards d’euros ont été déposées. “Une seule a été refusée”, relève la vice-présidente de la CPS de la Chambre basse, Jacqueline de Quattro. Et si les volumes de 2024 et de 2023 se révèlent en recul, respectivement de 5 % et 27 %, cette baisse est intervenue après un exercice 2022 en progression de 29 %. En se référant également à ces données officielles présentées le 11 mars, le conseiller national vert, Fabien Fivaz, qui siège à la CPS, nie que le pays ait un quelconque problème d’exportation dans ce domaine vers le reste de Europe, jugeant que les autorisations ont, en réalité, “explosé”. Et si le gouvernement fédéral souhaite “affaiblir” la législation en vigueur, ce serait “sous la pression des lobbies de l’armement”.
Bâtonnet chocolaté : Mais un paramètre supplémentaire est intervenu, particulièrement pénalisant s’il aboutit, celui des surtaxes douanières américaines. À 31 %, leur niveau ressort onze points au-dessus de ceux qui sont censés frapper l’Union européenne, accusée par la Maison-Berne “d’arnaquer” l’Amérique. Berne en reste abasourdi, certains, à commencer par la présidente de la Confédération, voulant croire qu’une exception suisse aurait été prise en considération par l’administration Trump, malgré les 38,5 milliards de dollars de déficit commercial que dit accuser, en 2024, la première économie mondiale avec la Suisse. Après l’allocution au vitriol contre l’UE du vice-président américain J.D. Vance, à la conférence de Munich sur la sécurité (le 14 février), la présidente Karin Keller-Sutter s’est voulue on ne peut plus compréhensive de son point de vue, en soutenant au quotidien genevois Le Temps que c’était là “un discours libéral, dans un certain sens très suisse”. Alors, le conseiller national centriste Martin Candinas ne dissimule pas combien son pays pensait qu’il allait être “mieux traité” que l’Union européenne. Plutôt que le traitement préférentiel, Berne a eu droit à un “choc profond”, écrit la NZZ, qui donne en illustration le prix du bâtonnet chocolaté Ragusa, “une friandise populaire dans la communauté juive des métropoles de la côte Est”, qui est censé passer de 3 à 5 dollars. Au risque, redoute son fabricant Camille Bloch, que cela devienne trop cher pour “de nombreux clients”. Un commentaire de grande inquiétude formulé avant que Donald Trump n’annonce, hier soir, une pause généralisée de 90 jours sur ses droits de douane “réciproques”, hormis ceux visant la Chine.
Paquet européen : Tout autre secteur mais même blocage relaté à L’envers du globe, celui que subit une société suisse de munitions. Un contrat signé aux États-Unis pour l’équivalent de 7 millions d’euros, dont quelque 40 % ont déjà été livrés. Le reste est annulé par le client américain, qui invoque “un cas de force majeure”. Les doutes qu’induisent de telles situations ont pris une telle ampleur que la présidente Keller-Sutter se rendra vendredi à une rencontre informelle des ministres des Finances de l’UE, où il sera question de la “croissance économique au regard de l’évolution de la situation géopolitique” et, soulignent les médias suisses, du financement du réarmement européen. Au début du mois, le négociateur en chef pour la Suisse, Patric Franzen, a paraphé avec son homologue européen un accord de participation de la Suisse à une série de programmes de l’UE, dont Horizon Europe, le cadre de recherche et d’innovation des 27, Digital Europe, le programme pour une Europe numérique, ou bien encore EU4Health, qui vise à préparer les systèmes de santé aux menaces futures. Le paquet d’accords avec Bruxelles serait de plus en plus susceptible de passer la barre d’un référendum, même si la proportion d’indécis demeure importante.
Lobbying : Cela n’empêche toutefois pas Berne de réfléchir, en parallèle, à tous les moyens d’amadouer Washington, afin d’espérer renouer les liens. L’élu libéral-radical à la Chambre basse, Beat Walti, qui siège à la commission de l’économie, a préconisé de garantir une centaine de milliards de dollars d’investissements par des entreprises suisses au cours du mandat du président Trump. La Confédération a recruté, à la mi-mars, un cabinet de lobbying de renom aux États-Unis, Akin Gump, afin de tenter de convaincre Washington de renoncer à ses taxes punitives et, accessoirement, obtenir un accès complet aux puces d’intelligence artificielle. Cependant, une partie de la classe politique, à gauche et au centre, comme une frange de l’opinion publique refusent de composer de la sorte. Au journal mardi de 19h30 de la RTS, le conseiller aux États (sénateur) socialiste Carlos Sommaruga a ainsi plaidé de “se défaire de la dépendance militaire aux États-Unis et de créer une dynamique avec l’Union européenne”, au nom de “mêmes valeurs” en partage.
81 % : La décision d’acquérir les avions de combat F-35 du constructeur américain Lockheed Martin, prise à l’été 2021, cristallise le mouvement de rejet. Dans un sondage de l’institut Demoscope pour le site d’information suisse Watson, publié le 27 mars, 81 % des personnes interrogées se déclarent opposées à cet achat. Et à la question de savoir si Berne y renonce, 70 % de l’échantillon se déclarent favorablement à un remplacement par le M-346 de l’italien Leonardo, le Rafale du français Dassault ou bien le Gripen du suédois Saab, sachant que la livraison est prévue pour 2027. À en croire le journal dominical zurichois SonntagsBlick, un ancien président de la Banque centrale, Philipp Hildebrand, consulté par le gouvernement fédéral, aurait proposé de remettre en cause ce contrat américain à 6,4 milliards d’euros et procéder à un rapprochement avec l’Union européenne. Pour sa part, le conseiller national vert Fabien Fivaz, estime que c’est le “dernier moment pour annuler le contrat et acheter un avion européen”, sachant que plus d’un milliard d’euros ont déjà été déboursés. “Malheureusement”, déplore le parlementaire, “il n’existe actuellement, au-delà des slogans, aucune volonté de le faire”. Entre s’aliéner la superpuissance américaine et satisfaire le courant montant pro-européen, l’instant du choix n’est pas survenu.
Terres rares du Kazakhstan : alternative potentielle à la ressource chinoise
Dysprosium, etc. : Dans la brutale escalade de la guerre commerciale avec les États-Unis, la Chine a mis en place des restrictions à l’exportation sur certaines terres rares “moyennes et lourdes” : dysprosium, gadolinium, lutétium, samarium, scandium, terbium et yttrium, des métaux et composés métalliques essentiels à différentes industries technologiques et militaires. Entrée en vigueur vendredi dernier.
N°3 : 48 heures auparavant, le ministère de l’Industrie du Kazakhstan a annoncé la découverte d’un gisement de terres rares, avec des réserves déclarées d’un million de tonnes et des ressources prévues de plus de 20 millions de tonnes. Si cela se confirme, cela donnerait au pays le plus vaste d’Asie centrale les troisièmes réserves, après celles de la Chine et du Brésil. Pas de précisions, à ce stade, quant à un développement.
Leçon politique de la Banque centrale de Libye : dévaluation contrainte
Antagonistes : Quelques heures avant d’opérer une dévaluation de 13,3 % du dinar libyen, le gouverneur de la Banque centrale de Libye, Naji Issa, a déploré que l'expansion des dépenses publiques des autorités antagonistes de Tripoli et de Benghazi aient “exacerbé le niveau croissant de la dette publique”, empêchant l’institution monétaire d’atteindre son objectif de “maintien de la stabilité du taux de change”.
Pétrole : Les recettes pétrolières se sont élevées à 5,2 milliards de dollars au premier trimestre, bien en deçà des dépenses des deux pouvoirs rivaux, qui ont été du double pratiquement. La Banque centrale avec la compagnie nationale pétrolière tentent, vaille que vaille, de maintenir une unité nationale. Le gouverneur Naji Issa prévient que la situation “s'aggravera” si les exportations de pétrole diminuent ou si leurs cours chutent.
Ferme solaire en zone tampon à Chypre : impasse territoriale
Transfert : Un projet novateur de construction d’une ferme solaire dans la zone tampon qui sépare les deux parties de l’île de Chypre reste bloqué, après la rencontre la semaine dernière du président Nikos Christodoulides avec le dirigeant chypriote turc Ersin Tatar. Le négociateur chypriote grecque, Menelaos Menelaou, a affirmé que la parte chypriote turque veut un transfert “direct” de l’électricité produite.
RTCN : Refus de l’État chypriote. Un ancien négociateur chypriote turc, Ozdil Nami, avance une hypothèse auprès du quotidien Cyprus Mail : la partie chypriote grecque n’entend pas faire d’un organisme public du Nord, comme son Autorité du réseau électrique, un interlocuteur direct, car cela pourrait constituer une “reconnaissance implicite” de la République turque de Chypre du Nord, reconnue exclusivement par Ankara.
Sensationnalisme scientifique à Hong Kong : objection méthodique à Pékin
Coupe-câbles : Faute d’avoir pu recouper une “révélation”, le mois dernier, du South China Morning Post (SCMP), L’envers du globe s’était abstenu de la mentionner. En s’appuyant sur un article extérieur (quasi-)universitaire, ce titre respecté de la presse hongkongaise a fait état de la conception en Chine d’un “puissant coupe-câbles en eaux profondes”, en mesure de “perturber les communications mondiales”.
Récits : Face à une nouvelle impossibilité d’étayer cette information, la lettre Pekingnology, publiée par le Centre pour la Chine et la mondialisation (CCG), basé à Pékin, a entrepris d’analyser point par point ce récit et huit autres de nature “scientifique” mis en exergue par le SCMP, puis repris par les médias à l’échelle mondiale. Une implacable démonstration d’une récurrence de failles méthodologiques et de présentation.
Avions de combat suédois pour la Colombie : parallèle avec le Brésil
Gripen : Après des mois d’évaluations, le président colombien, Gustavo Petro, a officialisé le choix de l’avion de combat Gripen du constructeur suédois Saab, pour remplacer la flotte de chasseurs bombardiers israéliens Kfir, utilisés pour des missions d’appui au sol contre des unités de guérilla. Bogota a donc tiré un trait sur l’offre de F-16, développés par l’américain General Dynamics (aujourd’hui Lockheed Martin).
Brésil : Le précédent du Brésil a pu donner à la Colombie matière à réflexion. Les forces aériennes brésiliennes ont été dotées du F-39 de Gripen, dans le cadre d’une “association” stratégique avec la Suède. La Revue brésilienne d’études stratégiques publie cet article visant à établir comment, avec cette modernisation, ce pays peut se distinguer en Amérique du Sud comme “une plus grande puissance aérienne”.
Filière automobile slovaque mise à mal : nulle dérogation amicale de Washington
Touché : La majorité au pouvoir à Bratislava depuis un an et demi a affiché toute sa satisfaction de l’alternance à Washington. Cela ne pourra lui valoir aucune dérogation si les surtaxes douanières américaines venaient à entrer en vigueur dans 90 jours. D’après les calculs de l’agence de notation financière Moody’s, la Slovaquie pourrait même devenir, après l’Irlande, le pays de l’UE le plus touché économiquement de ce fait.
Voitures : Précédemment, dans une note, deux économistes de la banque néerlandaise ING en ont livré l’explication centrale : la Slovaquie exporte beaucoup de voitures, d’utilitaires et de pièces détachées vers les États-Unis, pour plusieurs milliards d’euros. L’industrie automobile - pas seulement allemande - y a forgé une base arrière en Europe centrale. Le danger à présent : un recul de compétitivité.
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C’était ma dernière édition. Merci encore de votre intérêt. Nous nous retrouvons rapidement…
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Benaouda Abdeddaïm