Militarisation économique de l'Indonésie et contre-chocs - Nouvelle marque d'ambition agricole italienne en Algérie - Devise suédoise stimulée par le réarmement européen (...)
Je suis Benaouda Abdeddaïm, éditorialiste international à BFM Business. Je vous propose un regard décentré sur l’actualité mondiale : un choix d’événements négligés, où s’imbriquent économie et géopolitique dans des enjeux décisifs. Abonnez-vous pour une perspective sans a priori et explorez ainsi des faits qui éclairent le monde autrement.
MOUVEMENTS DE FOND
Militarisation économique de l'Indonésie et contre-chocs
REPÈRES STRATÉGIQUES
- Nouvelle marque d'ambition agricole italienne en Algérie
- Sauvetage d’un fabricant néerlandais de véhicules de combat
- Investissements immobiliers de Turcs en Grèce
LECTURES PARTICULIÈRES
- Devise suédoise stimulée par le réarmement européen
- Pétrole et chevauchements en mer de Chine méridionale
- Coupes de l’aide américaine en Zambie et alternative européenne
Militarisation économique de l'Indonésie et contre-chocs
“Tant que l'Indonésie affichera un faible rendement et une prime de risque élevée, il lui sera difficile d'attirer de la dette en capitaux, surtout lorsque les pays riches augmentent leurs emprunts pour financer la hausse de leurs budgets de défense.”
Krisna Gupta, chercheur principal en économie au Centre d’études politiques indonésiennes (CIPS) - Jakarta (Indonésie) - Source : L’envers du globe
Lebaran : Le “mudik” de cette année peut refléter les doutes d’une nation. Le terme mudik se rapporte à cet immense mouvement des Indonésiens qui se rendent des grandes villes vers leurs localités d’origine, afin d’y célébrer en famille les fêtes de “Lebaran”, marquant du 28 mars au 7 avril la fin du mois de ramadan. Ils devraient être 146,4 millions à effectuer le voyage, d’après le ministère des Transports, ce qui représenterait une diminution de 24 % en comparaison de l’an dernier. Sans trop s’avancer sur les motifs, le porte-parole de ce ministère, Budi Rahardjo, pense qu’une “évolution des habitudes sociales affecte les schémas de mobilité”. Néanmoins, le recul de la tradition annuelle du retour à la maison n’a rien d’anodin, car elle va “au-delà de la simple pratique culturelle”, écrit le Jakarta Globe, “stimulant une activité économique importante, dans les transports, le tourisme, le commerce de détail et la consommation des ménages”. Ce quotidien cite, sur ce point, le Centre d’études économiques et juridiques (Celios), basé dans la capitale : “Même en période de difficultés économiques, les gens perpétuent généralement la tradition de l’Aïd. Cette année, cependant, la restriction des dépenses est plus prononcée.”
Fragilités : Si la roupie indonésienne est malmenée, explique l’économiste principale de la banque singapourienne DBS dans une note transmise à L’envers du globe, c’est aussi parce que “les ajustements de position” avant la longue pause de Lebaran, moins festive qu’à l’accoutumée, ont accentué les mouvements de marché. Ce qui n’empêche pas Radhika Rao d’estimer que “les fragilités locales ont aggravé les inquiétudes concernant les actifs en roupies, en plus des incertitudes mondiales”, liées aux taxes douanières américaines. “La faiblesse des recettes en début d'année, le manque de clarté sur l'allocation des dépenses budgétaires et les spéculations sur un changement de gouvernement” pèsent sur les marchés, poursuit-elle, faisant référence à celle sur la rumeur d’une démission de la ministre des Finances, Sri Mulyani Indrawati, très appréciée en tant que “réformiste”. En conséquence de quoi, la monnaie a été poussée à son plus bas depuis la mi-1998, lors de la crise financière du sud-est asiatique.
Repas gratuits : Or, le président Prabowo Subianto, au pouvoir depuis bientôt six mois, fait assouplir les garde-fous instaurés à la suite de l’écroulement monétaire de 1997-1998. Au nom d’un volontarisme politique visant une croissance économique annuelle de 8 % durant son mandat, il a pris des libertés avec les plafonds de déficit et de dette publics, alors même que les recettes fiscales chutaient en début d’année de 42 %. Une initiative en particulier a soulevé des interrogations, parce que non financée, celle visant à fournir des repas gratuits à plus d’un quart de la population, pour un coût annuel évalué à près de 4 milliards d’euros. Et comment, par ailleurs, analyser convenablement les politiques publiques lorsque le président annonce, sans en référer à quiconque, que le budget national de 2025 allait être diminué de 8,5 %, notamment en amputant les transferts vers les autorités régionales chargées des financements sociaux ? La semaine dernière, tout en renvoyant la responsabilité de la chute de la roupie sur des “facteurs mondiaux”, la banque centrale a dû intervenir sur les marchés des changes et obligataires, en invoquant une nécessité de “préserver la confiance du marché”. Constat sans appel : les sorties de capitaux étrangers se sont amplifiées, avec plus de 2 milliards de dollars retirés de la bourse de Jakarta depuis janvier.
Résiliente : Des intervenants de marché y réfutent pourtant un parallèle alarmiste avec 1998. L’économiste en chef de l’établissement indonésien Permata Bank (contrôlé par le groupe thaïlandais Bangkok Bank), qui compte 6,5 millions de clients, déroule méthodiquement son contre-argumentaire. Interrogé par L’envers du globe, Josua Pardede table certes sur une devise restant affaiblie dans une fourchette de 16 300-16 700 roupies pour 1 dollar d’ici à décembre, ce qui ne signifie aucunement que les “fondamentaux” de 2025 soit ceux d’il y a 27 ans. D’abord parce que l'inflation se situe à un niveau très bas, quand à l’époque elle s’élevait à 82 %. La stabilité du secteur financier est également maintenue, “comme en témoigne le faible proportion de créances douteuses [mauvais prêts] de 2,08 %, inférieur au seuil de sécurité de 5 %”. Quant aux réserves de change, insiste l’économiste en chef de Permata Bank, elles se révèlent suffisantes pour financer “plus de six mois d'importations et de remboursements de la dette extérieure”, là aussi rien à voir avec les failles de 1998 ou bien de la période de crise internationale de 2008. Et à ceux qui redoutent un risque de laxisme budgétaire, il met en regard le niveau de dette publique sous le seuil des 40 % du produit intérieur brut (PIB), de 60 points inférieur à celui de la fin des années 1990.
Uniforme : Ces critères factuels demeurent pourtant occultés, peut-être par une ignorance extérieure d’une transformation de plus d’un quart de siècle, certainement aussi par une défiance politique suscitée par le général Prabowo Subianto dès son accession à la présidence. Cet ancien chef des forces spéciales puis ministre de la Défense n’a pas soudainement changé de vision du monde une fois élu. Il a décidé de procéder par concentration du pouvoir, au nom de l’efficacité, en s’entourant d’autant de ministres qu’il juge en avoir besoin. Surtout, ce chef de l’État se tourne en priorité vers les profils censés le mieux saisir le sens de sa démarche pour le pays : de hauts gradés de l’armée, les autorisant y compris à siéger au gouvernement sans renoncer à l’uniforme. Le mois dernier, le Parlement a amendé la législation de 2004 sur les forces armées, afin de permettre aux militaires en service actif d’occuper un champ élargi de postes dans la fonction publique. Lors de l’examen du texte, le ministre de la Défense, Sjafrie Sjamsoeddin, a fait valoir un impératif de transformation de l’armée au regard des “changements géopolitiques et de la technologie militaire mondiale”. Le co-rapporteur du projet de loi, Budi Djiwandono, un neveu du président Prabowo, s’est voulu rassurant, en précisant qu’aucun officier d’active ne serait nommé dans les entreprises publiques.
Double rôle : Tempo a affirmé que “des centaines” d’entre eux sont “formés pour diriger des sociétés publiques et régionales”. Cet hebdomadaire en pointe dans la dénonciation des politiques présidentielles souligne que, dans ses discours, le chef de l’État “s'est déclaré convaincu que seul le gouvernement, par l'intermédiaire de l'armée, pouvait contrôler l'économie commerciale et les moyens de production - un capitalisme d'État”. Des groupes militants “prodémocratie” et une partie de la jeunesse étudiante y voient une résurgence de la doctrine du “double rôle” de l’ère Suharto, qui durant trois décennies jusqu’à la crise financière asiatique de 1997-1998 a justifié la place prépondérante des militaires dans la conduite des affaires civiles. Al Araf, le directeur de l’organisation indonésienne de défense des droits de l’homme Imparsial, y perçoit y compris “le potentiel de restaurer le système autoritaire”.
Polie : De là à établir une corrélation directe entre les turbulences financières et la révision de la loi militaire, Klaus Heinrich Raditio, maître de conférences à l’École de philosophie Driyarkara (Jakarta), s’y refuse. Dans son analyse qui se veut équilibrée, “il semble que le gouvernement cherche avant tout à assurer le bon fonctionnement de l’administration”. Une question d’angle de vue : le président Prabowo, issu d’un régime autoritaire et “pas tout à fait accoutumé à l’environnement démocratique” du pays contemporain, comprend que ses opposants sont “principalement issus de la société civile et du monde universitaire”. Par conséquent, d’après cet expert indonésien de la Chine, le chef de l’État considère comme “préférable, pour lui, une approche descendante de la gouvernance”. L’apaisement apparaît, en tout cas, nécessaire dans la perspective de certains hauts responsables, comme l’ex-ministre de l’Investissement durant dix ans sous le précédent gouvernement, Luhut Binsar Pandjaitan, à présent président du Conseil économique national, qui a appelé ses concitoyens à exprimer leurs critiques envers le pouvoir politique “de manière polie et respectueuse”, conformément à “la culture indonésienne”.
Licenciements : Le directeur associé pour l’Indonésie et la Malaisie du cabinet de conseil en risques Control Risks, basé à Singapour, ne dit pas trêve de faux-semblants, mais son propos est abrupt : l’exécutif en place ferait mieux de “se concentrer sur les facteurs à l'origine du rétrécissement actuel de la classe moyenne”. Pour Achmad Sukarsono, le gouvernement Prabowo est “étonnamment plus préoccupé par des programmes qui ne s'attaquent pas à la baisse du pouvoir d'achat et aux vagues de licenciements dans le contexte de la détérioration du segment à forte intensité de main-d'œuvre du secteur manufacturier”. Dans son analyse, c’est bien cette ligne politique qui “inquiète ceux qui espéraient que l'Indonésie deviendrait une puissance moyenne”. Un sentiment monte donc que si la tendance n’est pas inversée dans les meilleurs délais, ce terreau socio-économique pourrait conduire à des remises en cause populaires d’une nature de moins en moins “polie et respectueuse”. La coordinatrice du programme d’études sur l’Indonésie de l’institut singapourien ISEAS Yusof Ishak, Julia Lau, tout en prenant en compte les incertitudes extérieures en provenance des États-Unis, prévient que si des manifestations se poursuivaient après l’Aïd et que le gouvernement “ne montre pas de résultats plus clairs s’agissant de ses différentes politiques” d’ici à mai, l’économie pourrait “souffrir” davantage encore. En jeu alors, la possibilité de voir s’éloigner le statut de pays à revenu élevé dans les vingt ans, un objectif ayant fait l'objet d'un consensus politique national.
Fonds souverain : Un nouvel instrument d’intervention est supposé soutenir à présent la trajectoire fixée des 8 % des croissance économique : le fonds souverain Danantara, qui devra disposer “à terme” de 900 milliards de dollars d’actifs sous gestion, à hauteur alors de celui de l’Arabie Saoudite PIF, rien de moins. Pour y arriver, l’ensemble des participations de l’État dans les 47 entreprises publiques, dont trois grandes banques, seraient transférées au Danantara, avec une remontée majoritaire de leurs dividendes vers cette structure. Ses dirigeants le proclament : la gestion s’opèrera en toute transparence, comme s’il s’agissait d’une société cotée en bourse. Sachant la défiance qui entoure Jakarta, ses autorités ont entrepris d’y associer des noms qui parlent aux marchés internationaux. Ray Dalio, fondateur de Bridgewater, le plus grand hedge fund (gestion alternative) américain, est ainsi désigné “conseiller spécial” de ce fonds souverain. À ses côtés sont aussi annoncés l’économiste américain Jeffrey Sachs, consultant renommé auprès d’États du Sud, ou encore l’ex-Premier ministre et industriel thaïlandais Thaksin Shinawatra. Sans occulter les réserves des investisseurs internationaux, le magazine new-yorkais Fortune dépeint quand même une “dream team” (équipe de rêve). Radhika Rao, de la banque singapourienne DBS, relève que cette “équipe d’éminents conseillers” fournira des informations sur les initiatives d'investissement, dans “le but d'apaiser les inquiétudes concernant la stratégie” de cet outil d’État, potentiellement vecteur lourd de clientélisme.
BRICS : Quoi qu’il en soit pour les quatre années à venir, ce sera autour de ce fonds souverain que va se structurer le discours de la course à la puissance de la première économie d’Asie du Sud-Est, en mesure à la fois d’intégrer en janvier dernier le groupe des BRICS (les principaux “émergents”) et viser une adhésion à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui fédère les économies “avancées”. Un conseiller au ministère indonésien des Affaires étrangères, Pandu Utama Manggala, met l’accent, en ayant rejoint les BRICS, sur l’accès à “des systèmes économiques alternatifs et à des partenariats dans la transition énergétique, la sécurité alimentaire et le transfert de technologies”. Jakarta rejoint la Nouvelle Banque de développement des BRICS, créée à Shanghai (Chine) comme une alternative à la Banque mondiale afin de financer des projets d’infrastructures. Cette institution a mis en place, par ailleurs, une “réserve d'arrangement” en devises de l'ordre de 100 milliards de dollars, susceptible d’être mobilisée en cas de choc financier dans un État membre. Une dimension forcément prise en considération par Jakarta.
OCDE : Mais cette entrée dans le bloc des BRICS “exige un équilibre délicat avec les alliances existantes et un renforcement des capacités institutionnelles”, écrit encore ce diplomate indonésien. D’où le projet aussi de rapprochement avec l’OCDE, présenté comme une volonté de “renforcer les efforts de la lutte contre la corruption”. En visite jeudi dernier au siège de l’organisation à Paris, le ministre de la Justice, Yusril Ihza Mahendra, a déclaré être “conscient que la corruption est une menace sérieuse pour le progrès de la nation”. Cette main tendue à l’OCDE, une institution toujours vue en Asie du Sud-Est comme pilotée par les États-Unis, peut également être interprétée comme un geste à l’endroit de Washington. Il n’a échappé à personne à Jakarta que le gouvernement de Donald Trump a prévenu les membres des BRICS que ceux-ci seraient frappés de 100 % de droits de douane en cas de tentative d’élaborer une devise commune concurrente du dollar. Or, 10 % des exportations indonésiennes (machines, équipement électrique, textile, huile de palme…) sont destinées au débouché américain et le gouvernement Prabowo n’a pas encore formalisé les concessions commerciales auxquelles il serait disposé.
Bien placé : Il y a une quasi-certitude en Indonésie que l’administration Trump finira par comprendre qu’elle a besoin du chef de file du sud-est asiatique. Si bien que Krisna Gupta, chercheur principal en économie au CIPS (Centre d’études politiques indonésiennes), soutient que son pays est “bien placé pour faire face à la guerre commerciale” sino-américaine et forme même une “opportunité” pour les investisseurs internationaux en quête de placements en dehors de cette première économie mondiale protectionniste. Cependant, Krisna Gupta ne verse pas dans un optimisme béat, en expliquant au préalable que “tant que l'Indonésie affichera un faible rendement et une prime de risque élevée, il lui sera difficile d'attirer de la dette en capitaux, surtout lorsque les pays riches augmentent leurs emprunts pour financer la hausse de leurs budgets de défense”.
Équilibrisme : Comme New Delhi, Jakarta s’estime parfaitement en mesure de jouer sa stratégie de “multi-alignement”, quitte à soutenir l’idée d’une compatibilité des intérêts entre BRICS et OCDE, entre nouveau et ancien monde pour caricaturer, dont le média en ligne indonésien Kompasiana juge surtout que cela va rendre “la position du pays plus complexe”. Si la bourse subit des dégagements, avec un indice en recul de 15,4 % depuis six mois, cet exercice d’équilibrisme y est pour quelque-chose. Benedetta Girardi, analyste au HCSS (Centre d’études stratégiques de La Haye) en livre des facteurs clés. Les échanges de l’Indonésie avec la Chine s'élèvent à près de 138 milliards de dollars annuels, principalement grâce aux exportations de minerais (charbon et nickel) “essentiels aux industries chinoises”. Dans le même temps, les Indonésiens bénéficient des investissements taïwanais - en septembre dernier, le Bureau économique et commercial de Taipei en Indonésie a comptabilisé plus de 2 000 entreprises taïwanaises y implantant des succursales. Et à ceux qui escomptent que Pékin revoie ses intentions du fait de la tourmente financière, le directeur du bureau Chine-Indonésie du Celios (Jakarta), Muhammad Zulfikar Rakhmat, fait une réponse lapidaire : “Aucun effet. Le gouvernement considère toujours la Chine comme un partenaire important, et la Chine ne se soucie guère de la situation intérieure de l'Indonésie”. Dans d’autres anticipations, l'économie indonésienne peut toutefois devenir vulnérable “aux effets d'entraînement d'une guerre commerciale”, selon Benedetta Girardi.
Liberté : Toujours pas de quoi effrayer Jakarta, résolument attachée à sa liberté de manœuvre… Le 26 mars, l’annonce d’un nouveau projet avec la France de sécurité maritime, visant à “assurer la paix” en mer dans “la région indopacifique”. En novembre dernier, des exercices navals conjoints avec la Russie, les premiers, au nom d’une volonté de “renforcer les capacités” de la marine indonésienne. Deux illustrations parmi d’autres. Et une foi brandie d’être bientôt en mesure de contribuer à remodeler la scène internationale, et pas seulement son architecture économique. Deux jours avant l’investiture du président Trump, le ministère indonésien des Affaires étrangères a réclamé une “revitalisation” du Conseil de sécurité des Nations unies, au travers d’une “évolution” de sa composition. Au-delà du pouvoir depuis six mois, il demeure une conviction que le cap reste tracé. Somme toute, affirme Josua Pardede, l’économiste en chef de la banque indonésienne Permata Bank, le pays est “désormais dans une position beaucoup plus préparée et résiliente face aux pressions mondiales, avec des bases économiques robustes et des politiques relativement saines”.
Nouvelle marque d'ambition agricole italienne en Algérie
Fourrage : Après le blé dur et les légumineuses, d’autres projets en Algérie sont annoncés par Bonifiche Ferraresi (BF). Dans un entretien au quotidien algérien Echorouk, Federico Vecchioni, le PDG de ce groupe italien agro-industriel, fait état d’une volonté d’y étendre ses investissements au lait, à l’élevage de vaches et de veaux pour la viande, et puis au fourrage, “un produit stratégique” en Méditerranée et en Afrique.
Plan Mattei : BF a déjà conclu un contrat d’exploitation à Timimoun, dans le Sud, sur une concession de 36 000 hectares, ce qui constitue son plus vaste projet agricole hors d’Italie. La société affirme s’appuyer sur le “plan Mattei”, l’initiative italienne de renforcement des relations avec l’Afrique. À cet égard, en juin 2024, la présidence du conseil italien a mis en exergue “l'excellent état des relations bilatérales" avec l’Algérie.
Sauvetage d’un fabricant néerlandais de véhicules de combat
Injection : Defenture a échappé de peu à la faillite. Ce spécialiste néerlandais des véhicules de combat des forces spéciales (Allemagne, Pays-Bas, Pologne…) a obtenu une injection de capitaux, rapporte le journal néerlandais Financieele Dagblad. En raison notamment de différends entre ses deux principaux actionnaires, les fonds d’investissement Azur et NCJ, l’entreprise ne parvenait plus à faire face à ses échéances.
Défier : Le ministère néerlandais de la Défense a réclamé des “améliorations en matière de gouvernance”. Un conseil de surveillance va être installé, avec un examen plus strict de la production. En décembre dernier, le PDG de Defenture, Henk van der Scheer, soutenait “défier avec succès” les grands noms des véhicules militaires et profiter pleinement de la demande croissante d’équipements militaires en Europe.
Investissements immobiliers de Turcs en Grèce
+20,5 % : Au détour du dernier document de la banque centrale turque sur la balance des paiements du mois de janvier, on apprend que les résidents en Turquie ont dépensé en immobilier à l’étranger 20,5 % de plus par rapport à 2024. L’an dernier, les Turcs ont acheté pour plus de 2,5 milliards de dollars hors de leurs frontières. Les biens qu’ils privilégient se situent actuellement en Grèce et à Dubaï (Émirats arabes unis).
Doré : Ce sont les programmes de visa “doré”, permettant de voyager plus facilement, qui attirent nombre de ces acquéreurs, d’après Bayram Tekçe, président de l’Association turque des exportateurs de services immobiliers. Dans ce cadre, le journal grec To Vima, évoquant “un refuge sûr”, relève qu’en février les investisseurs turcs ont représenté la deuxième demande étrangère en Grèce, après celle des Chinois.
Devise suédoise stimulée par le réarmement européen
+10 % : La couronne suédoise (SEK) gagne plus de 10 % face au dollar américain depuis le début de l’année, signant jusqu’ici la meilleure performance parmi les monnaies du G10 (économies “avancées”). La couronne norvégienne suit avec une hausse de plus de 8 %. Formule d’un stratège de Bank of America, Kamal Sharma, cité par le quotidien britannique Financial Times : “Tout simplement de l’euro sous stéroïdes.”
Défense : La dernière enquête de la banque suédoise SEB fait ressortir “une surpondération nette de 35 % sur la SEK, proche d'un niveau record”. Outre la solidité des comptes publics de la Suède, c’est le potentiel de son industrie de défense qui permet une telle remontée. En termes de pourcentage du produit intérieur brut, les exportations suédoises d’armements s’inscrivent parmi les plus importantes du monde occidental.
Pétrole et chevauchements en mer de Chine méridionale
100 millions : Le gisement se situe à 170 kilomètres au large de Shenzhen, en mer de Chine méridionale. La compagnie chinoise CNOOC affirme que ce champ pétrolifère possède des réserves prouvées de plus de 100 millions de tonnes. D’après Wang Yamin, professeur à l'Université du Shandong (Chine), cité par le journal chinois Global Times, cette découverte pourrait “réduire la dépendance au pétrole étranger”.
Contestée : L’intention reste d’élargir l’exploration dans ce bassin marin. Même si a priori l’essentiel des gisements d’hydrocarbures connus ne se trouvent pas dans des eaux dont la souveraineté soit contestée, différents projets sont menés par des compagnies du sud-est asiatique à l’intérieur d’une zone revendiquée par Pékin. Une initiative américaine pour la transparence maritime en Asie en a dressé la cartographie.
Coupes de l’aide américaine en Zambie et alternative européenne
Innovantes : Le Forum sur l'avenir des pays les moins avancés (PMA) se tient à Lusaka (Zambie), jusqu’à ce soir, sous l’égide des Nations unies. Il y est question de “partager des solutions innovantes visant à renforcer la résilience des PMA”. La Finlande, co-organisatrice, évoque “l'agriculture intelligente face au climat, la gestion de l'eau, les énergies renouvelables, l'économie circulaire et les processus industriels durables”.
Occasion UE : Dans une publication de l’institut allemand SWP, Cynthia Kamwengo, de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni), explique que la Zambie, deuxième producteur africain de cuivre, veut “optimiser ses revenus miniers”, après les “coupes soudaines” de l’aide publique américaine. Pour cette géographe zambienne, cela offre à l’Union européenne “l’occasion d’élargir sa coopération économique” avec son pays.
———————————
Comment percevez-vous cette emprise d’une élite militaire sur la première économie de l’ASEAN ? Un autre sujet de la lettre retient-il votre attention cette semaine ? Vos réactions sont les bienvenues : lenversduglobe@bfmbusiness.fr
Prochaine édition le jeudi 10 avril.
Benaouda Abdeddaïm