Alors que plusieurs pays, France en tête, s’apprêtent à reconnaître l’État palestinien et que se multiplient les condamnations internationales de la nouvelle offensive militaire dans la ville de Gaza, le Premier ministre israélien assume sa fermeté et prône un virage vers l’autarcie.
Je suis Thierry Arnaud, éditorialiste à BFMTV, ex-correspondant à New York et Londres, ancien chef du service politique de BFMTV et directeur de la rédaction de BFM Business. Crises géopolitiques, tensions économiques, recompositions du pouvoir… Chaque semaine, je vous propose de décrypter l’actualité internationale.
Des Palestiniens fuient vers le sud de Gaza via la rue al-Rashid, transportant leurs biens à pied ou en véhicule, après l'intensification des attaques israéliennes et les ordres d'évacuation dans le nord de la bande de Gaza, le 16 septembre 2025. (Anadolu via AFP)
“Nous sommes Athènes et Sparte, mais nous allons devenir Athènes et Super Sparte. Nous n’avons pas le choix”
Benyamin Netanyahu, 15 septembre 2025
“Israël est dans une forme d’isolement”. Lorsqu’il s’adresse à une conférence organisée par le ministère des Finances, ce lundi 15 septembre, Benyamin Netanyahu ne se contente pas de se rendre à l’évidence. Il proclame qu’il faut dès maintenant en tirer les conséquences. “Nous sommes Athènes et Sparte, mais nous allons devenir Athènes et Super Sparte”, déclare-t-il. Avant d’ajouter : “Nous allons de plus en plus devoir adapter notre économie à des caractéristiques autarciques.” Un spectaculaire virage sur l’aile pour celui qui rappelle qu’il a toujours été un farouche partisan de l’économie de marché et du libre échange. Et c’est à l’industrie de la défense que cette nouvelle doctrine devra s’appliquer en priorité, souligne le premier ministre israélien. Il lui faut se préparer à être capable de tout produire sur place, ou presque, à commencer par l’armement. En d’autres termes, il s’attend à une mise au ban durable.
Ce n’est pas la santé présente de l’économie israélienne qui est en cause. La croissance est attendue à 3,3% cette année, et prévue aux alentours de 4,5% en 2026, le taux de chômage est inférieur à 3%, la balance des paiements courants est excédentaire. Si le déficit budgétaire (environ 5% du PIB) et la dette (70%) se creusent sous le poids de l’effort de guerre, ils restent maîtrisables. Ce que redoutent les autorités israéliennes, c’est la généralisation de sanctions économiques et des mesures d’embargo, ne visant plus seulement les exportations d’armes, à l’image de la décision déjà prise en ce sens par l’Espagne, par exemple. Ce mercredi 17 septembre, la Commission Européenne a appelé à la levée partielle de l’accord commercial préférentiel en cours avec l’État hébreu: une série de sanctions tarifaires viseraient ainsi une partie des exportations israéliennes, notamment agricoles, pour un montant de l’ordre de 230 millions d’euros - or l’Union Européenne est le premier partenaire commercial d’Israël et absorbe près du tiers de ses exportations. La Commission propose également de sanctionner les deux ministres d’extrême droite du gouvernement, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, les colons violents de Cisjordanie et dix leaders du Hamas.….
Il n’est pas encore acquis que les partisans de ces sanctions puissent réunir la majorité qualifiée nécessaire (15 des 27 États membres représentent au moins 65% de la population de l’UE) - les regards se tournent en particulier vers l’Allemagne et l’Italie, jusqu’ici réticentes. Le ministre israélien des Affaires Étrangères a néanmoins déjà promis “une réponse appropriée” si elles étaient mises en place. À l’évidence, Israël juge que la probabilité de ces sanctions est élevée et qu’elles feront mal.
D’autant qu’à ces menaces économiques s’ajoutent celles d’embargos culturel ou sportif, réclamés par un nombre sans cesse croissant de responsables politiques et de personnalités. Cela alors que s’annonce l’épreuve de l’Assemblée Générale des Nations Unies, marquée par l’initiative conduite conjointement par la France et l’Arabie Saoudite. Outre la France, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, la Belgique, le Luxembourg et Malte vont officiellement reconnaître un État palestinien, ajoutant leurs noms à la liste des 147 pays membres des Nations Unies ayant déjà franchi ce pas. Là encore, Israël prépare sa réplique, Paris occupant une place toute particulière dans son viseur - la question de la fermeture du Consultat Général de France à Jérusalem sera clairement posée.
Sanctions, embargos, isolement: Benyamin Netanyahu et son gouvernement assument et redoutent tout à la fois les conséquences de l’offensive à Gaza et des tensions en Cisjordanie - même si le Premier ministre a reconnu que sa référence spartiate, très contestée, avait été maladroite. Ils continuent aussi de compter sur un allié américain plus présent que jamais pour en atténuer l’impact.
[En partenariat avec Uber]
Le secteur des VTC et taxis pourrait jouer un rôle clé dans la transition énergétique
Avec près de 120 000 véhicules en circulation en France*, le secteur des VTC et taxis pourrait servir de véritable catalyseur dans la transition électrique, en sensibilisant d’une part ses millions de passagers, et surtout en structurant le marché de l’occasion. Ces véhicules étant renouvelés en moyenne tous les trois ans, l’électrification du secteur est susceptible de favoriser un accès plus large à l’électrique pour les particuliers. Pourtant, ce secteur reste aujourd’hui exclu des dispositifs réglementaires incitatifs en France. Une occasion manquée, alors que l’exemple d’Uber démontre l’efficacité de telles mesures : après avoir mis en œuvre le plan pour la mobilité électrique afin d’accompagner les chauffeurs dans leur transition, la plateforme compte aujourd’hui en France plus de 90% de véhicules hybrides ou 100* électriques.
En savoir plus
*Source : Les taxis et VTC : accès à la profession, offre de transport, équipement - Rapport 2025 de l'Observatoire national des transports publics particuliers de personnes.
**Données calculées par Uber en France sur la période du deuxième trimestre 2025, incluant les véhicules hybrides non rechargeables.
C’est le nombre (approximatif) d’États américains susceptibles de modifier leur carte électorale d’ici les élections à mi-mandat (“midterm elections”) de novembre 2026 au Congrès des États-Unis. Si l’exercice est coutumier à chaque cycle électoral, son ampleur et les tensions qui l’accompagnent promettent une lutte d’autant plus féroce que la majorité actuelle est étroite à la Chambre des Représentants (trois sièges); pour éviter la catastrophe, les démocrates misent sur une nouvelle carte électorale en Californie, qui doit être approuvée par un vote le 4 novembre prochain.
Plus connu pour ses débats, ses podcasts ou sa chaine YouTube, Charlie Kirk a aussi eu recours à l’écrit pour mener sa croisade conservatrice contre “l’une des menaces les plus existentielles que les États-Unis aient jamais connu”. Son appel à une “révolution culturelle” pour “sauver l’Occident”, l’accent mis sur la lutte à mener dans les universités, les médias, les entreprises ou les administrations davantage que dans l’arène politique traditionnelle éclairent la démarche, l’impact et la trace durable que laissera certainement le jeune activiste assassiné le 10 septembre dernier.

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Thierry Arnaud