L’Amérique vote et inflige une série d’échecs cuisants à Donald Trump

À la victoire attendue et très médiatisée de Zohran Mamdani à New York s'ajoutent l’élection des candidates démocrates aux postes de gouverneur du New Jersey et de Virginie ainsi que la large adoption en Californie d’un redécoupage de la carte électorale. Mais les démocrates ont encore fort à faire pour reconquérir durablement les électeurs.

L'envers du globe
4 min ⋅ 06/11/2025

ZJe suis Thierry Arnaud, éditorialiste à BFMTV, ex-correspondant à New York et Londres, ancien chef du service politique de BFMTV et directeur de la rédaction de BFM Business. Crises géopolitiques, tensions économiques, recompositions du pouvoir… Chaque semaine, je vous propose de décrypter l’actualité internationale.

Le candidat à la mairie de New York, Zohran Mamdani, célèbre sa victoire lors d'une soirée électorale au Brooklyn Paramount Theater, à Brooklyn, le 4 novembre 2025 (Angela Weiss/AFP).

De New York à la Californie, des votes sanctions en cascade pour le président américain

« Quelle journée pour le parti démocrate, un parti en pleine ascension, un parti prêt à aller de l’avant ! Nous sommes fiers du travail accompli pour envoyer un message fort au président »
Gavin Newsom, gouverneur de Californie et favori pour l’investiture démocrate à l’élection présidentielle de 2028, le 4 novembre 2025

Le premier test électoral en grandeur nature depuis le début de son second mandat a tourné au fiasco pour Donald Trump. De ces quelques deux cents scrutins locaux dans plus d’une trentaine d’États le mardi 4 novembre émerge une conclusion simple: les électeurs américains ont massivement sanctionné l’action de leur président. L’onde de choc du triomphe attendu du «démocrate socialiste» Zohran Mamdani à New York s’est propagée dans le monde entier. Le président a eu beau dénoncer le futur maire de New York comme un dangereux communiste antisémite, appeler à voter pour son adversaire démocrate devenu indépendant, Andrew Cuomo, menacer de supprimer tous les financements fédéraux de la ville si Mamdani l’emportait, plus d’un million d’électeurs ont offert une large victoire au jeune immigré d’origine indienne de 34 ans. Mais du pouvoir trumpien a largement dépassé les frontières de la «Big Apple».

Victoires emblématiques dans le New Jersey et en Virginie

Mikie Sherrill et Abigail Spanberger sont amies. Elles ont même partagé pendant quatre ans un appartement à Washington. Dans le New Jersey, la première a été largement élue gouverneur, avec plus de 56% des voix face au candidat de Donald Trump, Jack Ciattarelli. Certes, l’État de la côte Est vote traditionnellement démocrate, mais Donald Trump y avait réalisé une percée spectaculaire à la présidentielle de 2024. Un élan brutalement interrompu par Mikie Sherrill, mère de quatre enfants, élue du Congrès et ex-pilote d’hélicoptère de l’US Navy, qui a fait du président américain la principale cible de sa campagne. Dans un sondage réalisé par Fox News, 71% des électeurs interrogés citent l’opposition au locataire de la Maison Blanche comme la raison de leur vote. Le succès d’Abigail Spanberger en Virginie est plus spectaculaire encore: la démocrate, ex-représentante au Congrès et agent de la CIA, est la première femme élue gouverneur d’un État et succède à un républicain.

La révolte californienne

Donald Trump avait aussi, et peut-être surtout, l’œil sur la Californie et le vote sur la «proposition 50». Ce redécoupage électoral, dont on attend potentiellement cinq sièges supplémentaires au profit des démocrates aux élections à mi-mandat de l’an prochain, a été approuvé par près de 64% des électeurs.

Destinée à contrer des mesures similaires dans des États républicains, la mesure a été dénoncée comme inconstitutionnelle par le président américain, qui menace de la faire annuler. De quoi ravir celui qui se présente comme l’un des adversaires les plus résolus de Donald Trump, et ne cesse de le railler sur les réseaux sociaux: Gavin Newsom, le gouverneur de Californie. «Quelle journée pour le parti démocrate, un parti en pleine ascension, un parti prêt à aller de l’avant ! Nous sommes fiers du travail accompli pour envoyer un message fort au président», s’est ainsi réjoui le favori pour l’investiture démocrate à l’élection présidentielle de 2028.

Donald Trump s’exonère

Les derniers sondages avaient déjà sonné l’alerte. Selon la dernière enquête SSRS pour CNN, 63% des Américains désapprouvent l’action de Donald Trump. Seuls 37% la jugent positive, le plus mauvais score depuis le début de son second mandat et un niveau historiquement bas comparé à ses prédécesseurs.

Plus qu’un rejet de la personnalité et du style du président, c’est l’absence de résultats en matière économique qui apparaît comme le principal facteur de la sanction électorale: deux Américains sur trois considèrent que les conditions économiques se sont dégradées depuis le retour de Donald Trump au pouvoir. Le président a réagi à cette avalanche de défaites par une série de messages sur son réseau Truth Social et convoqué les sénateurs républicains à la Maison Blanche pour leur faire la leçon un an jour pour jour après sa réélection. Son nom n’était pas sur les bulletins de vote, les Américains sont mécontents de la crise budgétaire et de la fermeture des services publics fédéraux (qu’il impute aux démocrates mais que deux Américains sur trois reprochent aux républicains). Voilà, selon lui, les deux raisons validées par les enquêtes d’opinion de la déculottée républicaine. 

Le dilemme démocrate

Pour les démocrates, la suite n’est pas gagnée pour autant. Le rejet de la politique de Donald Trump ne vaut pas adhésion enthousiaste à un projet du parti d’opposition. D’autant que les contours sont loin d’en être clairs. Le renouveau passe-t-il par un virage vers la gauche radicale incarnée par Zohran Mamdani, qui prône une socialisation massive de l’économie au profit des plus démunis? Ou par la ligne centriste impulsée par Mikie Sherrill ou Abigail Spanberger? Un dilemme qu’il va falloir trancher d’ici les élections de mi-mandat de novembre prochain. Les réticences des grandes figures du parti, à commencer par Barack Obama, à soutenir la candidature de Mamdani, malgré le succès annoncé, témoignent de la difficulté de l’exercice. La bonne nouvelle: à chaque fois que le parti a emporté simultanément la mairie de New York et les sièges de gouverneur du New Jersey et de Virginie, il a conquis dans la foulée la majorité de la Chambre des Représentants au Congrès.

[En partenariat avec l’Assurance Maladie]

Arrêt de travail : un acte médical au service de la santé

Selon une étude de l’Assurance Maladie et Ipsos/BVA, un tiers des actifs a connu au moins un arrêt maladie au cours de l’année. Si la majorité de ces arrêts sont justifiés et nécessaires, près d’un sur deux est prescrit à la demande du patient.

Un constat qui interroge notre rapport au travail, à la santé et à la solidarité collective.

À travers sa nouvelle campagne, l’Assurance Maladie rappelle qu’un arrêt de travail n’est pas une formalité mais un acte médical, prescrit selon une évaluation clinique et contextuelle.
Elle agit aux côtés des professionnels de santé, des entreprises et des acteurs de terrain pour prévenir les usages inappropriés, favoriser le retour au travail et préserver la soutenabilité de notre système de santé.

En savoir plus sur les bons réflexes : https://www.bonsreflexes.ameli.fr/en_arret_de_travail.html

Le chiffre

5000 milliards de dollars

Alors que la COP30 se réunit à Belém, au Brésil, dix ans après la signature des Accords de Paris, l’OCDE estime que 5000 milliards de dollars d’investissement par an sont désormais nécessaires jusqu’en 2030 pour tenir un objectif de réchauffement climatique de 1,5 à 2 degrés. Il faudrait ainsi plus que doubler les financements actuels pour atteindre ce but.

Source : CPR AM, Berkeley Earth

En 2024 et pour la première fois, la température mondiale a dépassé de 1,5°C celle de l’ère préindustrielle. 

La lecture de la semaine

“Le Book Club de la CIA” par Charlie English, Éditions des Équateurs, novembre 2025

Dix millions de livres. Ceux de George Orwell, Agathie Christine, Alexandre Soljenitsyne… À n’en pas douter, l’un des opérations clandestines les plus étonnantes de l’histoire de la CIA, conçue et réalisé par un émigré d’origine roumaine, George Minden. À partir des années 50, par train, bateau ou même ballon…, il fait franchir le rideau de fer à une multitude d’ouvrages interdits. Les livres circulent, sont reproduits sur place… L’une des opérations les plus méconnues et les plus réussies de la guerre froide, livrée dans un récit palpitant par un journaliste du Guardian.

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Thierry Arnaud

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Par Thierry Arnaud

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