Eaux nord-américaines de la discorde - Navigateur Internet au drapeau indien - Passeport doré du Vanuatu

Fleuves et lacs canadiens et mexicains contestés par les États-Unis - Navigateur Internet indien au nom de l'indépendance - Citoyenneté du Vanuatu par investissement mise à l’index (...)

L'envers du globe
11 min ⋅ 27/03/2025

Je suis Benaouda Abdeddaïm, éditorialiste international à BFM Business. Je vous propose un regard décentré sur l’actualité mondiale : un choix d’événements négligés, où s’imbriquent économie et géopolitique dans des enjeux décisifs. Abonnez-vous pour une perspective sans a priori et explorez ainsi des faits qui éclairent le monde autrement.

| SOMMAIRE

  • MOUVEMENTS DE FOND
    Fleuves et lacs canadiens et mexicains contestés par les États-Unis

  • REPÈRES STRATÉGIQUES 
    - Navigateur Internet indien au nom de l’indépendance
    - État d’urgence au Nigeria après l’explosion d’un oléoduc majeur
    - Épiceries publiques en Bulgarie et concurrence européenne

  • LECTURES PARTICULIÈRES
    - Passeport doré du Vanuatu mis à l’index
    - Attractivité, immigration et innovation en Finlande
    - Détermination de la Chine à préserver l’essor de ses puces

| MOUVEMENTS DE FOND

Fleuves et lacs canadiens et mexicains contestés par les États-Unis

Les gouvernements provinciaux et fédéral du Canada n'ont pas suffisamment donné la priorité aux politiques et aux investissements nécessaires au renforcement de la sécurité hydrique, ce qui nous rend vulnérables à la hausse des conflits, des coûts et des menaces de l'administration Trump.”

Tim Morris, directeur de projet à BC Water Legacy (Colombie-Britannique - Canada) -
Source : L’envers du globe

Accaparement : La remise en cause du partage des eaux avec le Canada et le Mexique n’apparaît pas structurée, pas encore, mais elle tend vers cette idée-force sous Donald Trump que les États-Unis ne sauraient plus admettre qu’autrui tire profit de la générosité du peuple américain. Tracés, débits, ouvrages et répartitions des lacs, fleuves et affluents, pour Washington, tout désormais devra être repensé et renégocié en fonction des paramètres de pénuries d’eau qui affectent métropoles et champs américains. Le verbe haut sur le réseau X, l’ambassadeur du Canada auprès des Nations unies, Bob Rae, en fait un des facteurs qui visent à “un accaparement colossal” par les États-Unis, “de terres, d’eau et de ressources” du Canada, les surtaxes douanières sur les biens visant “à affaiblir, afin que ce vol puisse avoir lieu”. Il y a vingt ans, un ancien Premier ministre de la province pétrolière de l’Alberta voyait venir l’affrontement décisif. Prédisant dans un discours que l’eau douce deviendrait plus précieuse que le pétrole, Peter Lougheed exhorta son pays à “la conserver” et à “faire savoir très rapidement aux États-Unis à quel point nous sommes fermes à ce sujet”. Plus d’un siècle d’étroite coopération dans ce domaine risque de toucher à sa fin.

20 % : La province de l’Ontario ne conçoit pas d’inquiétude particulière s’agissant des États américains, comme le Michigan ou le Wisconsin, qui partagent avec elle les Grands Lacs, extraordinaires réservoirs (près de 20 % de l’eau douce de surface de la Terre) gérés en bonne intelligence, en vertu d’un traité américano-canadien conclu en 1972 et révisé à une troisième reprise en 2012. Outre sa dimension de gestion des écosystèmes, cet accord bilatéral “relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs” a été conçu comme un instrument permettant des “activités économiques d’une valeur de plusieurs milliards de dollars” et de fournir de l’eau potable “à des dizaines de millions de Canadiens et d’Américains”. Si ce n’est qu’à présent, plus au sud ou à l’ouest, certains gouverneurs se verraient bien y “mettre un gros tuyau” et en “sucer l’eau”, sans en concevoir jusqu’ici les modalités pratiques.

7 500 m³/s : C’est surtout l’abondance du débit du Columbia (7 500 mètres cubes par seconde, plus de quatre fois celui d’un fleuve aussi puissant que le Rhône) et son dénivelé qui, beaucoup plus à l’ouest, concentrent l’attention des partisans américains de la manière hydrologique forte. La Maison-Blanche les a entendus. La province de Colombie-Britannique, à sa source, déplore que le gouvernement américain ait décidé ce mois-ci de suspendre le processus d’actualisation du traité régissant spécifiquement ce cours d’eau de 2 000 kilomètres, dont le bassin versant s’étend sur sept États américains, jusqu’au Nevada. Ce cadre commun prévoit à la fois une répartition de l’hydroélectricité et des dispositions de gestion de l’irrigation et des crues. Un accord dit “de principe” a été signé, en juillet 2024, par le précédent gouvernement démocrate, aux termes duquel les Canadiens se chargeraient de stocker de l’eau pour les Américains, en échange d’une rémunération annuelle de 38 millions de dollars jusqu’en 2044. Le Canada verrait également sa part d’hydroélectricité reçue diminuer de 6,5 %.

Californie : L’administration Trump perçoit le texte comme déséquilibré et menace y compris d’imposer des droits de douane sur l’électricité ainsi produite en amont de la frontière. Pourtant, Tim Morris, directeur de projet à BC Water Legacy, un organisme en Colombie-Britannique, relève que différents gouverneurs et parlementaires américains du Parti républicain avaient appuyé l’accord de juillet 2024. Il est “essentiel” à ses yeux, que les autorités de la province et le gouvernement fédéral à Ottawa “renouent le dialogue avec ces alliés républicains”. N’est-il pas déjà trop tard ? Deux mois après ce texte, Donald Trump, en campagne, avait avancé une ébauche de détournement du fleuve dans l’intention, soutenait-il, de combler de graves déficits pluviométriques. Dans ce même fil, une fois réinstallé à la Maison-Blanche, il a reproché au gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, d’avoir échoué à combattre les incendies de forêt en janvier à Los Angeles, en raison de son refus d’accepter “l’eau venant du nord”. Le raisonnement présidentiel échappe à Karrigan Bork, directeur du Centre californien de droit et de politique de l’environnement (UC Davis). “Cela méconnaît l'hydrologie de la côte ouest des États-Unis”, tente-t-il avec pédagogie, “puisqu’il n'existe aucun lien direct pour acheminer l'eau du Canada vers la Californie, et qu’aucun robinet ne permet de tenter l'expérience”. Les experts américains du dossier s’entendent à invalider toute comparaison avec le centre des États-Unis, qui s’incline vers le sud, ce qui n’est pas le cas à l’ouest.

Santé : Moins anecdotique (ou saugrenu) à leurs yeux, la volonté désormais à Washington de remonter au traité de 1909, conçu afin de “prévenir et résoudre les différends concernant l’utilisation des eaux limitrophes” aux deux nations. Une commission mixte internationale (CMI) avait été instituée, pour depuis veiller de manière “indépendante et neutre” à la conception de plans établissant le débit des dizaines de barrages de part et d’autre de la frontière. Possibilité première, le président Trump déciderait de désigner à la CMI des personnalités strictement alignées sur son approche, afin “d’imposer sa vision”, selon un ancien chef canadien de la CMI, Pierre Béland. Autre hypothèse, dénoncer purement et simplement le texte de 1909, ce qu’écarte Gail Krantzberg, professeure émérite d’ingénierie et de politiques publiques de l’Université McMaster (Ontario), d’après qui ce traité “ne peut être révoqué par une seule partie”. Cette ancienne directrice au sein de la CMI et conseillère principale sur les Grands Lacs du ministère de l’Environnement de l’Ontario, maintient à L’envers du globe que le traité des eaux limitrophes et l’accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs forment “un excellent modèle de gouvernance transnationale”, ayant largement fait ses preuves dans “la gestion conjointe des eaux partagées”. Néanmoins, maintenant que la sécurité hydrique du pays pourrait être mise en péril, il revient, d’après Gail Krantzberg, aux principaux élus des deux côtés de la frontière “d’adopter une position politique” à la hauteur d’enjeux fondamentaux en matière de “santé humaine, économique et des écosystèmes”. Un représentant américaine au sein de la CMI jusqu’en 2024, nommé sous la première administration Trump, ne désespère pas non plus que la quête d’un compromis soit privilégiée. “Nous avons besoin des esprits les plus brillants et les plus talentueux en sciences, en ingénierie et en diplomatie pour s’attaquer au problème”, déclarait Rob Sisson à l’émission “Great Lakes Now”, basée au Michigan (États-Unis), quelques jours avant l’investiture de Donald Trump.

Vétusté : Même si certains des experts consultés veulent encore croire que les bienfaits du mécanisme de règlement des différends de la commission mixte internationale finiront par opérer comme par le passé, d’autres pensent, en effet, que la ligne directrice juridique ne peut plus suffire. Les pouvoirs publics canadiens subiraient les initiatives plus ou moins désordonnées de Washington pour ne pas avoir pris la mesure de difficultés ancrées. Tim Morris, du BC Water Legacy (Colombie-Britannique), estime ainsi que “les gouvernements provinciaux et fédéral du Canada n'ont pas suffisamment donné la priorité aux politiques et aux investissements nécessaires au renforcement de la sécurité hydrique, ce qui nous [Canadiens] rend vulnérables à la hausse des conflits, des coûts et des menaces de l'administration Trump.” Du fait d’un sous-investissement, une vétusté équivalente des infrastructures hydrauliques risque de précipiter la remise à plat. La chaîne publique canadienne CBC donne l’illustration de la rupture, en juin 2024, de siphons défectueux d’un canal dans le Montana (États-Unis) à quinze kilomètres de la frontière avec l’Alberta (Canada), dont des signes “significatifs” de vieillissement avaient été constatés plusieurs dizaines d’années auparavant.

Technologies d’irrigation : Et au moins à cette mesure, la défectuosité d’installations hydrauliques au Mexique aggrave les contentieux pour l’eau de part et d’autre de la frontière. Le pôle manufacturier de Tijuana (Basse-Californie), face à San Diego (Californie), subit les aléas du défaut d’entretien des conduites installées dans les années 1960 et d’un manque de réutilisation des eaux usées. Accélérer la réhabilitation s’impose d’autant plus que la quasi-totalité de l’approvisionnement provient du Colorado, fleuve de 2 200 kilomètres prenant sa source dans les montagnes Rocheuses (États-Unis), très affecté par la sécheresse. À l’été 2022, une responsable du dossier au sein de l’administration Biden évoquait un risque “d’effondrement catastrophique” de ce système fluvial. Plusieurs experts sollicités au Mexique, à l’image de David Horacio Garcia Waldman, professeur de la Faculté de sciences politiques et de relations internationales de Nuevo Leon, pensent dès lors qu’il faut redevenir force de proposition auprès des Américains. Leur démontrer qu’il s’avère possible de développer des projets communs susceptibles d’améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau, grâce à “des technologies d’irrigation avancées et des programmes de conservation”.

Rio Bravo : Tout en reconnaissant lui aussi “la nécessité de se montrer plus efficaces dans la gestion de l’eau”, Vicente Sanchez Munguia, spécialiste du sujet au département d’administration publique du Colegio de la Frontera Norte (Tijuana), en appelle surtout à traiter ce problème transfrontalier “sans interférence politique”. Entre 2008 et 2022, souligne-t-il, trois approvisionnements d’urgence ont pu être effectués vers Tijuana, conformément au dispositif de coopération issu d’un traité américano-mexicain de partage des eaux datant de 1944. En vertu de cette convention, les États-Unis doivent expédier vers l’ouest du Mexique 1 850 millions de mètres cubes par an depuis le Colorado, en échange de quoi, à l’est, le Mexique doit envoyer 432 millions de mètres cubes dans l’autre sens, provenant du Rio Bravo (ou Grande), qui sert de frontière naturelle sur quelque 2 000 kilomètres.

993 millions : Or, jeudi dernier, le ministère américain des Affaires étrangères, considérant que les Mexicains ne remplissent plus leur part du contrat aux dépens de l’agriculture américaine, a annoncé un rejet de leur demande d’un acheminement spécial d’eau du Colorado vers Tijuana. Une première historique que le sénateur du Texas (États-Unis), Ted Cruz, a salué comme “excellente”, reliant la crise agricole dans son État au “non-respect” par le Mexique de ses “obligations” prévues au traité de 1944. Comme le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, il réclame de la Maison-Blanche que les négociations sur une levée des surtaxes douanières soient soumises à la reprise des remontées de l’eau du Rio Bravo. L’opposition locale met également en cause la position mexicaine. Dans un entretien à l’agence espagnole EFE, une députée démocrate de la Chambre des représentants du Texas, Erin Elizabeth Gamez, affirme qu’une usine sucrière dans sa circonscription a été contrainte de fermer “en raison de niveaux d’eau insuffisants”, du fait du Mexique. Il est en particulier pointé une expansion de la production agricole de l’État de Chihuahua, qui aurait recours à des volumes excédant ceux prévus dans la répartition. Une requête parlementaire texane adressée au gouvernement fédéral mexicain est étayée par une étude de l’Université Texas A&M évaluant à 993 millions de dollars la perte économique annuelle du Texas, du fait de la pénurie d’eau pour l’irrigation.

Politiser : Le procédé heurte, toutefois, certains observateurs américains. Stephen Mumme, spécialiste à Houston de la gestion des ressources naturelles le long de la frontière (Institut Baker), note qu’il est sans précédent de refuser l’eau urbaine au voisin, dans le cadre d’un système juridique en vigueur depuis 81 ans, donc de “politiser” un tel approvisionnement. “Cela n’a jamais été fait auparavant et cela ne manquera pas de perturber les relations bilatérales”, déplore-t-il. L’échéance du cycle de cinq ans de partage des eaux arrivant à échéance en octobre prochain, la voie diplomatique devient soudainement plus escarpée, le quotidien économique mexicain El Economista ne manquant pas à son tour de remarquer que les remises d’eau par les Américains à partir du Colorado ont déjà baissé entre 2023 et 2024, statistiques officielles à l’appui. Mexico ne se prive aucunement d’invoquer la pénurie d’eau qui affecte le pays au sud de la frontière, les barrages du Rio Grande dans son cours inférieur n’étant remplis, à la mi-février, qu’à hauteur de 35 %. Cependant, la présidente Claudia Sheinbaum a assuré, la semaine dernière, que son gouvernement s’attaque au règlement de la situation soulevée par les États-Unis, espérant encore dissocier ce dossier technique des pourparlers portant sur les droits de douane punitifs de 25 %.

Sensationnalisme : Des techniciens du dossier au Mexique plaident une analyse la plus précise possible, reliant l’ensemble des points du litige. Interrogé par L’envers du globe, Marco Antonio Samaniego, de l'Université autonome de Basse-Californie (Tijuana), reconnu par ses pairs pour ses travaux sur les questions hydrauliques de la région, regrette “la confusion” qui règne, ne serait-ce que sur les volumes d’eau à envoyer qui doivent être lissés sur cinq ans et non à prendre en compte sur une seule année. Selon lui, “le sensationnalisme que provoque la présidence de Donald Trump” conduit à occulter des éléments centraux d’information, comme le fait qu’il n’existe pas de canal qui amènerait l’eau du Colorado à Tijuana. “Un aqueduc relie la vallée de Mexicali, sur 189 kilomètres, à Tijuana. C’est celui-ci qui alimente la ville en eau - 160 millions de mètres cubes.”, explique-t-il. Ce chercheur, dans sa grille de lecture historique, réfute quoi qu’il en soit qu’une “guerre pour l’eau” soit engagée.

Axe Ottawa-Mexico : Alors peut-on maintenant songer à une union des forces pour prendre Washington en tenailles ? Les deux partenaires nord-américains soumis aux droits de douane et à l’éventail des menaces de l’administration Trump ne manqueront pas d’échanger leurs points de vue très prochainement. La présidente Sheinbaum a adressé un signal au nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, à l’occasion de son investiture le 14 mars : “Le Mexique et le Canada entretiennent des relations d'amitié, de commerce et de coopération fondées sur le respect et la prospérité partagée dans la région”, a-t-elle déclaré sur X. Le journal économique El Financiero, à Mexico, écrit que l’accession au pouvoir à Ottawa d’un profil comme celui de Mark Carney, si tant est que les urnes le confirment lors des élections législatives du 28 avril, “pourrait aider le Mexique à trouver “un point d’équilibre” face à la politique commerciale de Donald Trump”. Mais aucune illusion, pour ce qui concerne l’eau, sorti le cas échéant de rappel de principes généraux communs, il ne saurait y avoir d’axe Ottawa-Mexico. Alan Shapiro, à la tête à Vancouver (Canada) de son cabinet de consultants sur l’environnement Shapiro & Company, se permet de rappeler deux évidences : “La gestion de l'eau est définie principalement par la géographie. Le Canada et le Mexique ne partagent pas de réseaux lacustres ou fluviaux, contrairement au Canada et aux États-Unis.

Libre-échange : Cela n’empêche pas non plus de s’inscrire dans une convergence en vue de l’inéluctable renégociation de l’accord de libre-échange à trois (ACEUM), en vigueur depuis juillet 2020. Laquelle ? Pour Tim Morris, du BC Water Legacy, il s’agirait de garantir à deux que l’eau ne soit pas traitée “comme un bien commercial” dans le cadre du texte qui succèderait, le cas échéant, à l’ACEUM, de sorte que les exportations d’eau “en vrac” demeurent inenvisageables. Le tout, dans les prochains jours, étant de ne pas laisser le contentieux hydraulique dégénérer, car pour le juriste Erasto Lopez, de l’Université autonome de Ciudad Juarez (Mexique), frontalière de celle d’El Paso au Texas, son pays ne dispose face à Washington que de “peu de chances de gagner une guerre commerciale ou diplomatique fondée sur des revendications mutuelles”, d’autant que l’administration américaine agglomère les dossiers de contentieux, “ce qui rend le dialogue difficile”. Si les Mexicains ne trouvent pas les moyens de commencer à régler leur dette d’eau et que les instances traditionnelles ne fonctionnent plus, il pourrait ne leur rester que de se tourner vers une instance d’arbitrage international, encore faut-il l’assentiment des Américains.

| REPÈRES STRATÉGIQUES

Navigateur Internet indien au nom de l’indépendance

Zoho : Un concours, au terme d’une “évaluation rigoureuse”, a sélectionné trois lauréats : Zoho Corp., suivi de Team PING et Team Ajna. Le gouvernement décrète que le pays sera doté de son navigateur Internet. Ashwini Vaishnaw, ministre des Technologies de l’information, secteur qui réalise en Inde 282 milliards de dollars de chiffre d’affaires essentiellement dans les services, entend que l’activité s’élargisse aux “produits”.

Données : L’objectif proclamé est celui de s’assurer “l’indépendance numérique”. Autre argument mis en avant par New Delhi, disposer de son propre navigateur garantirait “la sécurité des données et la confidentialité”, puisque l’outil serait conforme à la législation nationale sur la protection des données. De la sorte, est-il souligné, les données des citoyens indiens ne franchiraient plus les frontières.

État d’urgence au Nigeria après l’explosion d’un oléoduc majeur

450 000 barils : Une explosion le 17 mars, potentiellement d’origine criminelle, a rompu la section principale de l’oléoduc Trans Niger, l’un des plus importants du plus grand exportateur de pétrole brut d’Afrique. Le consortium pétrolier nigérian Renaissance a d’abord eu recours à une ligne alternative, avant d’annoncer hier que le conduit a été entièrement restauré. La pleine capacité d’environ 450 000 barils par jour est rétablie.

Opposition : La rupture d’approvisionnement a déclenché une crise politique à Abuja, où a été décidé d’instaurer l’état d’urgence dans le Rivers. Le gouverneur d’opposition de cet État du Sud, Siminalayi Fubara, et les élus locaux ont été suspendus de leurs fonctions, mesure que l'Association du barreau nigérian qualifie “d’inconstitutionnelle”. Le président Bola Tinubu a dit s’appuyer sur des “rapports de sécurité inquiétants”.

Épiceries publiques en Bulgarie et concurrence européenne

Cartels : La commission budgétaire du Parlement bulgare a voté la création d’une chaîne d’État de magasins d’alimentation, qui seront installés dans les bureaux postaux des localités les plus démunies du pays, sous le contrôle du ministère de l’Agriculture. Le parti DPS-Nouveau départ, à l’origine de la proposition, invoque une volonté de “freiner la spéculation des cartels”. Les produits vendus devront être exclusivement être bulgares.

Domination : Qu’en sera-t-il alors de la conformité au droit de la concurrence et aux règles du marché intérieur européen ? L'Association bulgare des transformateurs laitiers réplique que le marché du pays est “dominé” par “quelques grands distributeurs internationaux”. Les modèles d’approvisionnement court de l’Allemagne et de la France sont donnés en exemple à suivre.

| LECTURES PARTICULIÈRES

Passeport doré du Vanuatu mis à l’index

Déficiences : Les nouvelles demandes dans le cadre du “programme de citoyenneté par investissement” (CBI) ne sont plus examinées par le Vanuatu. L’archipel de 321 000 habitants annule, par ailleurs, des passeports “dorés” déjà octroyés, au motif d’une obtention “frauduleuse”. Les États-Unis donnent deux mois au Vanuatu pour “remédier aux déficiences”, sinon il fera l’objet d’une restriction de délivrance de visas.

Solide : Deux universitaires australiens ont effectué un travail d’évaluation de cet “achat” de citoyenneté. Ils détaillent comment le CBI représente la première source de recettes budgétaires et d’essor économique pour le Vanuatu, qui s’est révélé, grâce à se système, comme l’un des rares États insulaires du Pacifique Sud à avoir pu réagir de “manière solide” à la fermeture des frontières lors de la pandémie de Covid-19.

Attractivité, immigration et innovation en Finlande

À points : Un rapport ce mois-ci en Finlande, commandé par la Chambre de commerce et la Confédération syndicale des cadres, a réclamé une politique d’immigration “à long terme” afin de relever les défis “structurels liés au vieillissement de la population et à la pénurie de main d’œuvre”, notamment qualifiée. Il y a été proposé un système à points pour les titres de séjour (formation, expérience, potentiel de carrière…).

Brevets En janvier, l’ETLA, un institut privé de recherche économique à Helsinki, a publié une étude sur le lien entre immigration et innovation des entreprises manufacturières du pays (brevets, etc.) : une hausse de l'emploi d'étrangers “influence positivement l'innovation de procédés et de production”. De plus, la recherche-développement par les travailleurs immigrés remplacerait davantage les apports d'innovation externalisés.

Détermination de la Chine à préserver l’essor de ses puces

Nvidia : Sous pression de Washington, la Malaisie resserre sa réglementation à l’expédition vers la Chine des produits de Nvidia, le chef de file américain des puces destinées à l’intelligence artificielle. La décision de Kuala Lumpur fait suite à une enquête pour fraude au Singapour voisin. Le ministère malaisien du Commerce rapporte des difficultés à suivre ces chaînes d’approvisionnement dans toute leur complexité.

Obsession : Un chercheur de l’Université de Pékin (Chine) a rédigé un plaidoyer pour que l’industrie chinoise des semi-conducteurs ne tombe pas dans une obsession de ces segments de très haut de gamme. He Pengyu étaye son propos par l’histoire - gagnante - du Japon dans ce secteur, qui est parvenu à prendre le dessus sur des États-Unis par trop concentrés, dans les années 1960 et 1970, sur les puces de pointe.

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Que pensez-vous de ces contentieux et convoitises hydriques en Amérique du Nord ? Un autre sujet de la lettre retient-il votre attention cette semaine ? Vos réactions sont les bienvenues : lenversduglobe@bfmbusiness.fr

Prochaine édition le jeudi 03 avril. 

Benaouda Abdeddaïm

L'envers du globe

L'envers du globe

Par Thierry Arnaud

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